A quelque chose malheur est bon.Dans un premier temps, cela s'appelle avoir la scoumoune, la malchance. Alorsque le président de la République avait tout misé sur l'inversion de la courbedu chômage d'ici la fin de l'année dernière, voir ce chiffre terrible tomber à quatrejours du second tour des municipales qui s'écrivent déjà comme une Bérézinapolitique pour la majorité, quel pire scénario pouvait se produire ? Mais letemps n'est plus aux lamentations. Cette douche froide doit servir à tirer tousles enseignements.Plus des enseignements qu'une véritableconclusion ? C'est un peu comme si on repartait àzéro. La hausse de février nous ramène au début 2013, au moment où tous lesespoirs étaient encore permis. C'est la preuve flagrante de ce que n'ont cesséde dire les économistes, et que n'ont cessé de nier les politiques, préférantmiser sur la méthode Coué.1/ Il est impossible d'inverser lacourbe du chômage et de créer de l'emploi sans une croissance d'un et demi %.Pourquoi l'Elysée et Matignon ont tenu mordicus sur l'inversion avec unecroissance zéro, voire très légèrement positive ? C'était nier la réalité, on envoit les résultats aujourd'hui.2/ La poussée du chômage des jeunesle mois dernier montre les limites des emplois aidés. C'est l'échec de ce quel'on appelle le traitement social du chômage. Les contrats aidés dans lesecteur public ou associatif ne sont pas pérennes. Au bout de huit mois demissions, le jeune de moins de 25 ans en difficulté, à qui s'adresse ledispositif, se retrouve sur le bord de la route.3/ On ne peut régler ces importantesquestions par de simples incantations. Il faut de vraies réformes structurelleset tout cela se travaille sur le long terme.Avec tout ce qui a déjà été essayé, onpeut se demander ce qui peut bien encore fonctionner ? Dans cet océan de mauvaises nouvelles,François Hollande peut au moins se réjouir et se féliciter d'une mesure : leCICE, le Crédit Impôt Compétitivité Emploi, qu'il a lui-même instauré.Grâce au CICE, en 2013, le coût dutravail a moins augmenté en France qu'en Allemagne. Chiffres à l'appui, l'écartse réduit avec nos partenaires d'outre-Rhin (+0.2% de progression pour le coûtd'une heure de travail en France contre 2,2% en Allemagne). Les entreprisestricolores regagnent en compétitivité face à la locomotive européenne.Qu'est-ce que le CICE ? Une baisse de charges sur les entreprises. Ce quebeaucoup considèrent comme un cadeau fait aux patrons commence à porter sesfruits. Qui dit plus de compétitivité, dit plus d'innovation et donc à termeplus d'emplois.Une grande partie de l'opinion n'apas compris l'enjeu car nous sommes restés sur la récupération et les querellespolitiques. Donc tout n'est pas perdu dans l'action gouvernementale mais ilfaut passer la vitesse supérieure. Ce que ne va pas manquer de faire le chef del'Etat dès la semaine prochaine avec des annonces mélangeant subtilementsoutien aux entreprises et geste envers les ménages. Gageons que les électionsmunicipales auront servi d'électrochoc salutaire.