Chômage : la faute à la formation et aux salaires ?
Le Conseil d'Analyse Economique (CAE), c'est le think tank, l'outil de réflexion, la boîte à idées du Premier ministre sur les questions économiques. Le premier des deux rapports traite du malaise de l'emploi des jeunes peu qualifiés. Les auteurs comparent la situation de la France avec celle des autres pays de l'OCDE. Il s'avère que, si la crise affecte l'ensemble des Etats développés, nos voisins européens connaissent des taux d'emploi des jeunes largement supérieurs aux nôtres.
Qu'est-ce qui explique la différence avec les autres pays ?
Les auteurs insistent sur la formation. Il y a en France aujourd'hui 900.000 jeunes lâchés dans la nature qui ont quitté le système scolaire sans diplôme. L'enseignement professionnel en alternance études-emplois est trop peu développé chez nous. En Allemagne par exemple, la moitié des jeunes optent pour cette filière contre seulement ¼ en France. Au pays des Lumières, l'apprentissage est, à tord, dénigré. Comble du paradoxe : quand l'apprentissage augmente, il est surtout le fait de diplômés et beaucoup moins de jeunes sans diplôme qui devraient pourtant représenter la cible prioritaire. Ce système est probablement à revoir. Quant à son financement, le CAE estime qu'une simple réallocation des moyens suffirait. Il propose par exemple de réaffecter les sommes destinées aux contrats d'avenir (qui patinent actuellement - des subventions d'emplois à plus de 90% publics et associatifs) à la formation en alternance dans le secteur marchand. Beaucoup d'entreprises, de PME, ne demandent qu'à embaucher et, pour les jeunes concernés, cette formation peut être une véritable passerelle vers un emploi durable.
Vous parliez d'un autre document du CAE... il concerne les salaires.
Il montre que depuis 2008 et malgré la crise qui s'en est suivie, les salaires ont continué d'augmenter en France (environ +0.8% par an dans le secteur privé) alors que la productivité du travail stagnait. Traduction : les entreprises paient de plus en plus en cher des salariés qui ne sont pas plus productifs qu'avant. L'explication est simple mais malheureusement révélatrice d'un phénomène qui va continuer à peser sur le marché du travail : les chefs d'entreprises préfèrent réduire l'emploi que les salaires pour préserver le peu de motivation des travailleurs dans le climat social actuel. Un autre chantier serait donc d'adapter la dynamique des rémunérations à l'évolution de la productivité de chaque salarié. Mais ce rôle revient aux partenaires sociaux (entreprises et syndicats), d'où l'importance du dialogue social. On ne peut pas tout attendre de l'Etat. Ces deux rapports, je vous en recommande vraiment la lecture. Ils sont consultables librement sur le site internet du Conseil d'Analyse Economique. Des rapports très abordables, pas techniques... trop rare sur ce genre de sujet pour ne pas être souligné.
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