Chômage : l'impact du CICE sur l'emploi
Le CICE a pour objectif de restaurer la compétitivité des entreprises. En gros, il s'agit d'une baisse d'impôts décalée d'un an, calculée en fonction de la masse salariale pour les rémunérations qui ne dépassent pas 2,5 SMIC. Le gouvernement y consacre 20 milliards d'euros.
Un autre dispositif existe déjà : les allègements de cotisations sociales sur les bas salaires. En place depuis 20 ans, ce dispositif coûte lui aussi 20 milliards d'euros par an.
La logique est la même pour les deux systèmes ?*
Pas vraiment. Les exonérations de charges sur les bas salaires bénéficient en priorité aux secteurs dont les rémunérations sont, par définition, plutôt faibles : l'hôtellerie, la restauration, le commerce ou la construction. Le CICE, lui, vise essentiellement l'industrie (petite et moyenne) où les salaires sont plus élevés.
Selon l'économiste Pierre CAHUC (spécialiste des questions d'emploi et membre du Conseil d'Analyse Economique placé auprès du Premier ministre), le type d'aide que représente le Crédit d'Impôt a un faible impact sur l'emploi car les salariés les plus qualifiés présentent un risque de chômage plus faible, et ce sont ceux qui peuvent plus facilement négocier des augmentations de salaires. Donc si on suit sa logique : plus la mesure cible cette population, plus elle aura tendance à subventionner, en quelque sorte, les hausses de salaires sans forcément encourager l'embauche dans cette catégorie déjà installée.
En revanche, baisser directement les charges sur les bas salaires joue beaucoup plus sur l'emploi.
Est-ce prouvé ? En 20 ans a-t-on pu en mesurer les effets ?*
Concrètement, on estime que depuis 1993, jusqu'à 800.000 emplois ont été sauvegardés. Et si l'on considère le dispositif en vigueur en plein cœur de la crise en 2009 – les embauches avec salaires au niveau du SMIC étaient totalement exonérées de charges patronales dans les entreprises de moins de 10 salariés –, 25.000 emplois ont été créés et financés pour moins cher que prévu grâce aux économies réalisées sur les allocations chômage ou de revenu de solidarité.
Alors a-t-on raison aujourd'hui de s'exclamer comme le faisait le Général de Gaulle à propos de l'Europe, l'Europe, l'Europe ? Faut-il sauter comme un cabri en voyant dans le CICE, CICE, CICE le remède à tous nos maux ? De Gaulle (qui fait aujourd'hui consensus à droite comme à gauche) ajoutait : "il faut prendre les choses comme elles sont car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités". On vient de voir que les baisses de charges immédiates sur les bas salaires avaient un impact positif rapide sur l'emploi.
Pour ce qui est du CICE, il faudra attendre la fin du quinquennat en 2017. C'est le délai que s'est donné le comité de suivi piloté par le Commissariat Général à la Prospective.
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