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Chômage : des chiffres crédibles, mais...

Les chiffres du chômage pour le mois de septembre sont sans surprise. 60.000 demandeurs supplémentaires, qui contrastent avec les 50.000 chômeurs de moins annoncés au mois d'août, il est vrai, en raison d'un problème informatique. Cela soulève la question de la crédibilité des statistiques.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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La question revient souvent. Bien avant le bug de SFR cet été, il y a eu quelques précédents. En 2006, en pleine campagne pour l'élection présidentielle, l'INSEE avait suspendu la publication des statistiques car elles ne correspondaient pas à celles du ministère de l'Emploi. On a adapté les règles. Pas sûr qu'on ait gagné au change.

D'où viennent les chiffres ? Comment sont-ils calculés ? Qui les communique ?

Deux sources. Le premier indicateur porte sur les chiffres mensuels (celui communiqué hier soir), calculés par Pôle Emploi et la DARES (les services statistiques du ministère de tutelle) qui ne prennent en compte que les chômeurs effectivement inscrits à Pôle Emploi selon les catégories A,B,C...
Le deuxième indicateur est calculé par l'INSEE qui, lui, est publié tous les trimestres au sens du BIT (le Bureau International du travail) et qui permet des comparaisons internationales.

Pas de quoi améliorer la lisibilité... qui faut-il croire au final ? Des chiffres sont-ils plus fiables que d'autres ?

Les données de l'INSEE communiquées tous les trimestres sont généralement jugées plus fiables car étalées dans le temps, plus pertinentes par la méthode de calcul et surtout moins "politiques" que ceux de la DARES qui dépend directement du ministère de l'emploi. Je ne suis pas en train de dire que le ministère bidouille les chiffres mais il est étonnant de voir, parfois, d'assez grosses variations sur les entrées en formation, les défauts d'actualisation par les chômeurs eux-mêmes ou les radiations.
Et puis, point nettement plus sensible : en fonction des questions posées, on oriente les réponses. Par exemple, depuis le mois de janvier, la question "Etes-vous à la recherche d'un emploi, même à temps partiel ou occasionnel ?" est devenu "Recherchez-vous un emploi ?", tout simplement. Cette modification, avec d'autres, peut faire pencher la balance en faveur du NON. Du coup, ce sont des dizaines de milliers de chômeurs en moins, virtuellement, dans les statistiques.


Il s'agit bien d'une démarche officielle*

En réalité, l'administration est en train de s'adapter aux nouveaux standards européens. L'objectif est, dit on à l'INSEE, de fluidifier les questionnaires pour les harmoniser entre les Etats-membres de l'Union.
Mais cela peut s'avérer dangereux pour les gouvernements car c'est jeter la suspicion sur la vérité des chiffres. L'odeur de la manipulation se répand même si elle n'est pas avérée.
D'autant plus délicat pour François Hollande qui maintient sa promesse d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. Que ca soit sur le front de la conjoncture ou celui des statistiques, l'objectif - le pari ? - du chef de l'Etat devient de plus en plus serré, voire osé.

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