Budget et fiscalité : le nouveau pouvoir entre dans le vif du sujet
On va très vite parler politique budgétaire et fiscale. Mais alors que le camp Hollande n'a cessé de dire pendant la campagne qu'il fallait attendre l'audit de la Cour des comptes pour se prononcer sur des mesures précises, les sages de la rue Cambon ne rendront finalement leur rapport que début juillet et non le 28 juin comme prévu... il s'agit de ne pas perturber l'intervention de François Hollande au sommet européen des 28 et 29 à Bruxelles. Le Président de la République doit y plaider en faveur d'une politique de croissance en contrepoids à la rigueur... il serait mal venu de mettre le chef de l'Etat en porte-à-faux devant ses homologues européens. La Cour devrait en effet recommander des économies dans les finances publiques... or, sur ce chapitre François Hollande ne s'est jamais prononcé. En revanche, la publication de l'audit au plus tard le 3 juillet tombera à pic pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui prononcera ce jour là son discours de politique générale... ce sera une bonne source d'inspiration.
Et puis il faudra compter une invitée encombrante : la croissance !*
Si la France veut respecter son engagement de limiter le déficit public à 4 et demi% du PIB à la fin de cette année, il faut trouver immédiatement 10 milliards d'euros, voire plus si la croissance n'est pas au rendez-vous. Au lieu du +0.5% initialement prévu, on sera plutôt à 0. Or, on sait qu'un point de PIB en moins, c'est une perte sèche de 8 à 10 milliards d'euros pour les caisses de l'Etat. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que l'imposition va s'alourdir.
Un collectif budgétaire interviendra début du mois de juillet... de nouvelles pistes sont à l'étude côté recettes.*
Selon le quotidien Les Echos ce matin, le gouvernement envisagerait une nouvelle taxe sur les entreprises dès cet été : un prélèvement de 3% sur les dividendes versés aux actionnaires qui permettrait de récolter 800 millions d'euros en année pleine. Le Figaro Economie précise que les entreprises indépendantes de moins de 250 salariés et au chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros seraient épargnées. Autre piste étudiée : la révision à la hausse de la taxe Tobin prélevée sur les transactions financières. Cette taxe, qui doit s'appliquer dès le mois d'août aux mouvements d'actions de sociétés pesant 1 milliard d'euros en bourse, avait été initialement fixée à 0.1%... elle pourrait être relevée car les prévisions de recettes affichées par le gouvernement Fillon ne seront pas atteintes. Sinon, on retrouvera les grands classiques : abrogation de la TVA sociale ; réforme de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune ; limitation de l'abattement sur les successions à 100.000 euros par enfant (au lieu de 160.000 euros aujourd'hui) et puis cotisation probable de 20% sur l'épargne salariale. Mais une autre échéance arrivera très vite : celle de la rentrée avec la préparation du budget 2013... une autre paire de manche.
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