Budget 2012, déjà caduc ?
Les grandes lignes de ce « PLF » (Projet de Loi de Finances) sont connues et la priorité clairement affichée : réduire avant tout le déficit public. Il s’agit de ramener ce déficit de 5,7% du Produit Intérieur Brut cette année à 4 et demi% l’an prochain… grâce à des mesures emblématiques telles que la création de nouvelles taxes sur les hauts revenus et sur les boissons à sucre ajouté, entre autres. Le texte s’appuie sur une prévision de croissance de l’économie française d’1,75%... c’est le problème car tous les économistes sont d’accord pour dire qu’on en sera loin… même Bercy estime aujourd’hui que cette hypothèse est trop optimiste.
Voici pour les grandes données chiffrées et les objectifs fixés… mais que faire si l’objectif n’est pas tenable ?
Dans le journal de 20 heures sur France 2 hier soir, le Premier ministre François FILLON a déclaré que de nouvelles mesures pourraient prises si le taux de croissance n'atteignait pas le seuil minimal d'1 et demi% en 2012. Dans ce contexte conjoncturel le budget devrait être l’occasion de réfléchir une bonne fois pour toutes au retour à un équilibre soutenable des finances publiques. Aujourd’hui, les agences de notation laissent la France tranquille en maintenant la note AAA sur sa dette souveraine. Mais qu’en sera-t-il demain ? MOODY'S a annoncé hier soir qu'elle se donnait trois mois pour juger de la pertinence d'un tel maintient. Certes, nous ne sommes pas dans le cas de l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou le Portugal, mais la pression est grande. Pourquoi donc attendre d’avoir le nez sur le guidon pour prendre les décisions qui s’imposent ? Les politiques disent agir, les observateurs attendent plus.
Si je vous suis bien, il faudra faire encore plus d'économies ?
Réduire le déficit ne se fera pas en un jour. Selon un rapport du député UMP Gilles CARREZ, l'Etat remplacera moins d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite l'an prochain (30.400 équivalents temps pleins pour une économie de 970 millions d'euros). Une goute d'eau alors que certains chiffres en circulation parlent d'un besoin d'économies de 80 à 100 milliards d'euros sur les trois prochaines années pour revenir à l'équilibre. On pourrait imaginer agir progressivement. Par exemple, étaler l’objectif sur quatre ans : viser une réduction annuelle de 20 milliards d’euros et s’y tenir. Parmi les leviers d'actions, il y a la TVA, la CSG, la suppression des niches fiscales, quitte à rétablir certaines mesures catégorielles car tout n’est peut-être pas à jeter aux orties. Il faudra couper la poire en deux et trouver progressivement autant d'économies de dépenses (sans pour autant renoncer à un certain nombre d’investissements nécessaires) que de recettes supplémentaires... facile à dire, pas facile à faire, je vous le concède.
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