Brésil, la fin du miracle économique
Ce miracle, ce sont 10 ans de prospérité et ce que vit le Brésil aujourd'hui est une transition socio-économique. Depuis le retour à la démocratie en 1985, à force d'alternances politiques (Nevès, Lula et aujourd'hui Dilma Roussef), le Brésil est parvenu à se hisser au rang de septième économie mondiale. Un de ses citoyens Roberto AZEVEDO prendra bientôt la tête de l'Organisation Mondiale du Commerce... le constructeur brésilien d'avions régionaux EMBRAER a presque volé la vedette à Airbus et Boeing au salon du Bourget... seulement voilà... après dix ans de croissance, la compétitivité du pays s'érode face notamment à la forte concurrence chinoise... l'inflation galope (depuis janvier, la hausse des prix atteint 20%)... le ralentissement économique guette avec un taux de croissance ramené cette année en dessous de 1%.
Ce contexte explique-t-il à lui seul les mouvements de protestation ?
Ces dernières années, sur les 194 millions d'habitants que compte le pays, 40 millions de brésiliens sont sortis de la pauvreté... aujourd'hui, les classes émergentes n'ont qu'une peur : c'est d'y retourner. Les jeunes sont particulièrement inquiets et tout le monde regarde d'un mauvais œil les investissements pharaoniques réalisés dans la perspective de la coupe du monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques de 2016. A la construction d'équipements sportifs, ports, aéroports, télécom, mobilier urbain pour 15 milliards de dollars au bas mot, la population préfèrerait voir la richesse investie dans la santé, les hôpitaux, l'éducation, écoles et universités. Pour les brésiliens, les priorités choisies ne sont pas les bonnes... la décennie prospère est en train d'être bradée. Immense impression de gâchis... population échaudée par la hausse du coût de la vie et la baisse du pouvoir d'achat... l'augmentation du prix des transports publics est la goute d'eau qui a fait débordé le vase.
C'est toute la remise en question d'un système...*
On voit les limites et le revers de la fameuse "démocratie participative" sur laquelle Dilma ROUSSEF a été élue. Politiques et syndicalistes sont dépassés. La jeune population brésilienne bouillonne... plutôt qu'un printemps des pays émergents, l'économiste Jean-Paul BETBEZE y voit un Mai 68 des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Des systèmes arrivés à maturité dont il faut assurer la transition politique. Cette transition, la France peut l'y aider et a grand intérêt à le faire... le Brésil représente aujourd'hui 40% du commerce tricolore avec l'Amérique latine. Notre ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ne s'y est pas trompé... il vient de nommer le patron de Casino, Jean-Charles NAOURI, comme son représentant spécial sur place... c'est ce que Laurent Fabius appelle la "diplomatie économique".
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