Bourse : Tweeter arrive, Dell s'en va
Ces mouvements prouvent que le capitalisme n'est pas figé et que chacun peut faire son marché en fonction de sa stratégie. Fini le capitalisme bâtisseur d'antan... la bourse n'est plus l'alpha et l'omega. Bien sûr, ils ont toujours leur utilité pour aider les entreprises à se développer mais les marchés financiers ont changé de nature. D'apporteurs de capitaux à l'origine, ils sont devenus des lieux de transaction rapide avec des investisseurs avides de dividendes plutôt qu'animés par une réelle vision stratégique de l'entreprise. Question de génération.
Créée en 2006, Tweeter est une jeune société florissante valorisée aujourd'hui par les analystes entre 7 et 11 milliards d'euros. Avec ses 200 millions d'utilisateurs, elle a de quoi séduire. Et puis, être présente à la bourse renforcera sa notoriété. La rapidité ne lui fait pas peur.
Ce qui n'est pas le cas de Dell ?
Si Michael DELL, le président fondateur du groupe éponyme, décide de racheter son entreprise avec l'aide d'un fonds de pension pour 25 milliards de dollars (18 milliards d'euros), c'est pour lui donner une nouvelle impulsion, loin du stress boursier.
Longtemps leader, aujourd'hui 3ème constructeur mondial des PC derrière le chinois Lenovo et l'autre américain Hewlett-Packard, DELL a mal négocié le virage du numérique et surtout l'arrivée des tablettes. Sur le seul deuxième trimestre 2013, le groupe a vu son résultat chuter de 72%.
Michael DELL ne pouvait attendre plus longtemps pour réagir et sauver son groupe...
Surtout, il ne voulait plus être contraint de supporter l'exigence croissante des investisseurs qui mettent la pression pour obtenir des rendements de court terme. Une fois sorti de la cote, Michael DELL misera sur le long terme, n'aura plus de dividendes à verser à des actionnaires et aura les mains libres pour adapter l'entreprise à la mutation du marché informatique. Sans abandonner les ordinateurs qui représentent 50% de son chiffre d'affaires, DELL va devenir progressivement un prestataire de services.
Cette démarche n'est-elle pas un peu risquée ?
C'est aussi risqué pour Tweeter d'aller sur le marché que pour Dell d'en sortir. Souvenons-nous de l'introduction ratée de Facebook l'année dernière. Les marchés n'avaient pas apprécié la grenouille qui voulait se faire – non pas aussi, mais – plus grosse que le bœuf.
Pour Dell, c'est une nouvelle aventure jugée délicate par les analystes qui voient le marché informatique verrouillé par des groupes comme IBM et HEWLETT. Le challenge mérite d'être tenté. D'autres l'ont fait avant lui : OBERTHUR, CLARINS et bien d'autres... ils ne s'en portent pas plus mal aujourd'hui.
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