Baisser les prix : oui, mais pas à tout prix...
C’est vrai que ce n’est pas facile : quand les prix alimentaires augmentent, on voit mal comment le consommateur peut échapper à la hausse. Il y a néanmoins un levier pour y arriver : c’est de renforcer la concurrence en amont de la chaîne pour faire baisser l’addition. L’enjeu, ce sont les grandes surfaces, car les Français y dépensent les trois quart du budget qu’ils consacrent à leur alimentation. Pour protéger le petit commerce, la fixation des prix reste encadrée et le projet en discussion au Parlement vise à assouplir la réglementation, sans la renverser complètement. De quoi s’agit-il ? De permettre aux super et hypermarchés de répercuter intégralement les ristournes qu’ils obtiennent de leurs fournisseurs. Quant une PME de l’agroalimentaire vend pour 100 euros de plats cuisinés à un hyper, elle ne va en réalité encaisser que 70. La différence, les 30 euros : c’est le rabais qu’elle consent pour que le produit soit mis en valeur sur les rayons ou que l’enseigne en fasse la promo sur son catalogue. Jusqu’à présent, l’hyper ne pouvait pas répercuter à ses clients de la totalité de cette ristourne ; ce sera désormais le cas. En revanche, il ne pourra pas vendre moins cher qu’il achète, la vente à perte reste interdite. Pour les produits de marque, la nouvelle règle du jeu pourrait faire baisser le ticket de caisse de 2 à 3%.
Mais alors pourquoi les patrons de supermarchés ne sont-ils pas satisfaits ? On a vu notamment Michel-Edouard Leclerc monter au créneau sur de pages entières de publicité, en affirmant que le gouvernement ne fait pas tout ce qu’il faut pour faire baisser les prix ?
Parce qu’ils veulent aller beaucoup plus loin en supprimant ce système compliqué et en négociant directement les prix avec chaque fournisseur. Ils accusent les industriels de l’agro-alimentaire de vouloir profiter des hausses des matières premières pour gonfler leurs bénéfices. Distributeurs et fournisseurs se sont donc livrés à un bras de fer féroce ces dernières semaines. Et finalement, le gouvernement a décidé de rester sur son schéma initial, au moins pour quelques mois encore. Les prix de gros vont rester fixes. Pas question de libéraliser tout de suite le système car ça se traduirait par une pression énorme sur les fournisseurs, qui sont 15 000, avec une majorité de petites entreprises, face à une poignée de Leclerc, Auchan et autres Carrefour, qui ont un pouvoir beaucoup plus fort. Le pot de terre contre le pot de fer. Certains producteurs risqueraient d’être écrasés par une négociation directe et sans garde-fous. D’où ce compromis entre deux impératifs : faire baisser les prix et protéger nos PME.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.