Assurance chômage, entre moindres indemnités et meilleure efficacité
Quand on lit les grandes conclusions de ce rapport de 170 pages, ca ne fait pas l'ombre d'un doute. En résumé, la Cour plaide pour des économies. A ses yeux, le fait que le système actuel d'assurance chômage soit inefficace – ''insoutenable'' dit-elle - repose sur son côté dispendieux par rapport à ce qui se pratique ailleurs en Europe. Le système français d'assurance chômage est bien plus confortable que tout ce qui existe ailleurs et cela coûte cher à l'Etat. Quand le demandeur d'emploi français touche 68% de son ancien salaire net, son homologue allemand en touche 59%, le danois 35%, 34% en Italie et à peine 21% en Grande-Bretagne. Idem pour la durée maximale d'indemnisation. De 2 ans en France, elle est aujourd'hui d'1 an en Allemagne, de 10 mois en Suède et de 8 mois en Italie. Au final, on arrive à un déficit de l'UNEDIC proche de 5 milliards d'euros pour une dette de quelque 18 milliards, c'est-à-dire ce que le système emprunte sur les marchés pour payer les indemnités.
Que préconise donc la Cour des comptes ?
Et bien tout simplement de réexaminer les règles d'indemnisation. Deux catégories figurent dans son collimateur : les cadres et les intermittents du spectacle. Les 100.000 intermittents représentent environ 1/3 du déficit de l'assurance chômage : 1 milliard d'euros pour une population qui pèse à peine 3% du nombre total des chômeurs. La rue Cambon y voit une piste de réforme (laquelle ? On ne sait pas, le chantier est ouvert. Il s'agirait peut-être de différencier artistes et techniciens). Ensuite : cadres et travailleurs qualifiés. La cour propose d'instaurer un taux décroissant pour les niveaux d'indemnisation les plus élevés. Aujourd'hui en France, un cadre peut recevoir jusqu'à 6.000 euros d'indemnités chômage par mois (si son salaire était de 11.000 euros) alors qu'à compétence égale, un cadre allemand ne recevra pas plus de 2200 euros, un italien : 1000 euros.
Il s'agirait donc de moins donner aux cadres pour donner plus aux catégories socio professionnelles inférieures ? *
Non. Rogner sur l'indemnisation des cadres, en la ramenant dans un standard européen, permettrait de dégager des marges pour financer la hausse générale de l'assurance chômage (conséquence de la crise) sans augmenter les cotisations. C'est clairement de la " démocratie sociale " : appliquer à ce régime le raisonnement de base de toutes sociétés : regarder à la fois le bon fonctionnement économique de l'entreprise, assurer la sécurité des salariés et contourner les problèmes budgétaires. Mais cette réforme ne se fera pas sans négociations entre partenaires sociaux et, surtout, sans prendre en comptes les différences entre secteur public sécurisé et secteur privé. Si le quinquennat de François Hollande doit marquer une réussite, c'est bien celle-là : réformer par la discussion et non par l'intransigeance idéologique. Le récent accord sur le marché du travail a ouvert la voie.
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