Assemblée générale de France Telecom, entre dividendes et politique industrielle
Cet après-midi, il s'agira moins de parler du salaire du patron Stephane Richard que de la rémunération des actionnaires et de la politique industrielle de l'entreprise... les deux sont d'ailleurs intimement liés. Les syndicats CFE-CGC, UNSA et CFDT – soutenus par l'Association pour la défense de l'épargne et de l'actionnariat salarié – demandent aux actionnaires de voter cet après-midi pour une baisse de leur rémunération (c'est à dire ce qu'ils touchent en retour de leur investissement dans l'entreprise). Pour 2011, le Conseil d'administration de France Télécom a proposé de verser un dividende d'1 euro 40 par action... syndicat et actionnaires salariés voudraient plutôt un euro.
Pourtant, n'est-ce pas, aussi, dans l'intérêt des actionnaires salariés de bénéficier d'un bon retour sur investissement ?*
C'est vrai, mais ils lancent une alerte sur l'état de santé de France Télécom qui, avec ses concurrents, souffre de l'arrivée de l'opérateur Free. On parle beaucoup des clients perdus mais moins des marges rognées. En fait, c'est le modèle économique de l'entreprise qu'il faut revoir. Sur un an, le titre a perdu environ 30% de sa valeur en bourse. En demandant une baisse des dividendes, syndicats et actionnaires salariés préfèreraient voir l'entreprise investir. Ils se montrent acteurs responsables, ce qui met l'Etat actionnaire en position délicate.
Que voulez-vous dire ?
Les français sont propriétaires de France Télécom à hauteur d'environ 27%. L'Etat actionnaire touche aussi des dividendes qui tombent directement dans ses caisses. Une baisse de sa rémunération représenterait donc un manque à gagner conséquent pour Bercy... pas vraiment arrangeant en ce moment. Des syndicats qui montrent l'exemple et un Etat actionnaire qui ne pipe mot car il sait qu'il a beaucoup à perdre d'une baisse de rémunération... ce n'est pas du meilleur effet au moment où il donne des leçons de morale aux dirigeants d'entreprises.
Depuis plusieurs années, le montant des dividendes chez France Télecom dépasse largement ses bénéfices (4,4 milliards d'euros versés au titre de l'exercice 2011 pour un résultat net de 3 milliards 9). Cherchez l'erreur, sauf à ce que l'Etat ait considéré l'entreprise comme une vache à lait. Désormais, l'histoire pourrait s'écrire autrement. Reste à savoir si c'est l'actuel Président du groupe qui continuera de tourner les pages. Pire que son salaire annuel d'un million 650.000 euros, Stephane Richard a peut-être une ligne en trop sur son curriculum vitae, celle où il est mentionné "ancien Directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère de l'Economie".
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