Arnaud Montebourg, le poids des mots, le choc chez les métallos
Au point où on en est, tout le monde en fera les frais : et l'image de la France et le ministre Montebourg en personne. Loin d'apaiser la polémique, le ministre du Redressement productif en a remis une louche hier après-midi en déclarant qu'il ne visait pas directement MITTAL mais ses méthodes... " des méthodes relevant du non-respect des engagements, du chantage et des menaces ". Si cela visait l'apaisement, c'est raté. La famille Mittal a fait savoir qu'elle en avait assez de ces déclarations intempestives. Le divorce est consommé avec l'industriel indien qui, rappelons le : emploie aujourd'hui encore en France 20.000 personnes sur quelque 150 sites dont ceux, profitables, de Dunkerque et Fos sur Mer.
Vous le disiez... il y aura des dommages, à la fois pour l'économie française et pour Arnaud Montebourg lui-même*
D'abord l'impact pour l'image de la France, ce qui est de loin le plus important. En menaçant d'écarter Mittal par une nationalisation – même partielle et temporaire – du site Arcelor de Florange en Moselle, quel message envoie Montebourg si ce n'est de dire aux investisseurs étrangers : attention, si vous venez en France, tenez-vous à carreau car l'Etat n'hésitera pas à vous renvoyer dans vos buts si vous n'entrez pas dans le moule. Pas très encourageant pour ces investisseurs dont on a justement besoin pour réorienter l'emploi vers des secteurs d'avenir. Actuellement en déplacement à Hong Kong, la Présidente du Medef, Laurence Parisot, a été interpellée hier en pleine réunion à la chambre de commerce franco-hongkongaise par des patrons désireux de comprendre ce qui se passe actuellement en France. Au terme de cette réunion, Laurence Parisot et Arnaud Montebourg se sont parlé au télephone.
Des nationalisations temporaires comme le propose le ministre du Redressement productif, il y a d'autres exemples réussis...
On peut citer celui d'Alstom en grande difficultés qui, en 2003/2004, sera recapitalisé par l'Etat à hauteur de 300 millions d'euros. A l'époque, le ministre de l'Economie et des Finances s'appelle Nicolas Sarkozy. Et puis entre 1982 et 1992, c'est Rhône Poulenc qui est rattrapé par le dos de la chemise grâce aux deniers publics. Mais la différence entre hier et aujourd'hui, ce sont les anathèmes. Ces noms d'oiseaux qu'Arnaud Montebourg n'hésite pas à prononcer pour stigmatiser les actionnaires. A l'époque on agissait sans avoir le verbe haut. Arnaud Montebourg, beau parleur et franc-tireur, jusqu'où ? Un ministre pris entre le besoin de donner des gages à une opinion chauffée à blanc par les licenciements à répétition et le réalisme économique de ne pas braquer les investisseurs. Chacun joue sa partition. Mais s'il va trop loin, Arnaud Montebourg risque de perdre la clef de sol et de ne plus être au diapason.
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