Airbus : on est mieux servi par les autres que par soi même...
Dans l’aéronautique - comme dans l’automobile - le nouveau credo c’est qu’on est mieux servi par les autres que par soi-même. Airbus a décidé de suive la voie tracée par son rival, l’américain Boeing, qui fait fabriquer hors de ses murs 70% de son futur long courrier, le Dreamliner 787. L’intérêt, il est d’abord de partager les investissements et les risques financiers qui sont énormes pour développer un nouvel appareil, faire les études, mettre au point les processus industriels. Ca se chiffre autour d’une dizaine de milliards d’euros. Déléguer, c’est aussi une façon de se recentrer sur son métier de base : en l’occurrence la conception de l’avion, l’assemblage. Et la vente, qui est la clé de la réussite. Il est aussi plus facile d’exercer une pression maximale – pour les délais et pour les coûts – sur des sous-traitants que sur ses propres équipes. La cession de ces sites est donc un élément important dans le plan d’économie d’Airbus, lancé après la crise née des retards de l’A380. Le transfert d’effectifs – 3 500 employés en France - est enfin une façon d’affaiblir le pouvoir des syndicats. Là, c’est un motif moins avouable.
Mais justement, la plupart de syndicats regardent ça avec inquiétude. Est-ce qu’il ne s’agit pas en réalité de préparer le terrain à des délocalisations, donc à des suppressions d’emploi en France?
Vous l’aurez noté, l’annonce des repreneurs de ces sites fleure bon le patriotisme économique. Le candidat américain a été totalement écarté, alors qu’il était techniquement le plus au point. Pour rassurer, c’est politiquement bien joué. Mais cette solution n’empêchera pas des délocalisations dans des pays à bas coût de main d’œuvre pour les pièces des avions les moins compliquées. Ce sera d’autant plus inévitable qu’Airbus continue à laisser entendre qu’il va exiger de pouvoir payer ses fournisseurs en dollars, pour ne plus subir la hausse de l’euro. Les sites français vont se concentrer sur le plus haut de gamme : les matériaux dits composites, ces nouveaux alliages qui feront la performance des avions du futur. Ils vont donc se resserrer sur les emplois les plus qualifiés dans la haute technologie. Par chance, ça ne se verra pas pour l’instant. Il y a besoin de bras car le carnet de commande d’Airbus est plein à craquer. 2007 a été une année record, avec 1 200 commandes. Mieux que Boeing.
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