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Air France-KLM : Juniac était-il encore l'homme de la situation ?

Alexandre de Juniac quittera la présidence d’Air France-KLM le 31 juillet prochain. Il l’a annoncé mardi 5 avril en interne aux personnels de la compagnie aérienne. Est-ce réellement une surprise ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Alexandre de Juniac quittera son poste de PDG d'Air France-KLM en juillet prochain  © MaxPPP)

Surprise, oui, pour les salariés et les syndicats jusqu’aux pilotes de ligne. Coup de tonnerre, non, mais personne ne s’y attendait de cette manière. Alexandre de Juniac a annoncé qu’il partait pour convenances personnelles. Officiellement, il ne s’agit donc pas d’un limogeage. Cela peut laisser songeur quand on sait qu’il va prendre la direction générale de l’IATA (l’association du transport aérien international), un poste généralement confié aux patrons préretraités du secteur… Or, Monsieur de Juniac n’a que 53 ans. Un poste pas vraiment taillé pour le personnage.

 

Faut-il y voir la main des syndicats ?

 

Certaines centrales syndicales avaient fait du départ de Juniac la condition sine qua non à la signature des accords de compétitivité de l’entreprise. La vraie question est de savoir s’il était l’homme de la situation pour mener l’entreprise vers le changement. Certes, sous sa houlette et à force d’une gestion serrée notamment sur l’emploi, Air France-KLM est sortie du rouge l’année dernière en affichant ses premiers bénéfices depuis sept ans. Mais qu’auraient été ces résultats sans la chute des cours du pétrole, qui a permis aux autres compagnies européennes d’améliorer, aussi, leurs profits ? Juniac a-t-il su entretenir un dialogue social serein dans l’entreprise ? La rudesse du dialogue n’a-t-elle pas pris le pas sur la diplomatie ? Bref, le patron ne s’est-il pas aperçu de lui-même qu’il n’était plus vraiment l’homme capable d’accompagner le changement dans ces conditions ?

 

Sur le fond, les changements pour la compagnie

 

Il faut attendre de savoir qui va succéder à Alexandre de Juniac. Un candidat interne ou externe… Guillaume Pépy (SNCF), Alexandre Bompard (FNAC) auraient manifesté de l’intérêt pour le poste. L’Etat actionnaire d’Air France-KLM à 18% pèsera de tout son poids dans cette nomination. Ce départ ne va pas faciliter les discussions en cours avec les personnels navigants et les pilotes. En effet, comment s’engager sur le fond sans connaître l’interlocuteur futur ?  Il y a aussi le difficile décollage de la filiale low cost européenne Transavia dont le développement en Europe est en butte aux syndicats, mais incontournable pour Air France-KLM face à la concurrence de Ryanair et autre Easyjet, l’allemande Lufthansa et la britannique IAG.

Alexandre de Juniac s’en va mais tous les chantiers qui conditionnent l’avenir de l’ancien Pavillon national restent ouverts.

 

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