Aides à la Grèce, le mieux est l'ennemi du bien
Le constat de l'OCDE s'ajoute à la longue litanie des autres prévisions de la BCE, du FMI ou des instituts de conjoncture. En gros : la France fait des efforts pour corriger ses déficits mais avec un taux de croissance de 0.3% en 2013 (c'est la prévision retenue par l'Organisation, probablement très optimiste), Paris ne sera pas dans les clous budgétaires l'année prochaine.
Paris tiraillée entre ''rigueur nécessaire mais non excessive pour ne pas brider l'activité'' et ''solidarité européenne coûteuse''. Paris-pompier contraint de mettre au pot pour sauver la Grèce mais l'extinction de l'incendie commence à lui coûter cher. Selon les estimations, la facture s'élèverait à 550 / 600 millions d'euros par an. Vraiment mal venu pour nos finances publiques à l'heure des serrages de boulons tous azimuts. C'est le prix de la solidarité. Depuis 2010, l'aide globale à la Grèce (tous pays et créanciers confondus) s'élève à 240 milliards d'euros. Sur ce total, 180 milliards sont à ce jour détenus par les investisseurs publics étrangers, 12 milliards reposent sur les épaules de la France. En donnant son feu vert aux mesures décidées mardi soir à Bruxelles, comme ses partenaires européens, Paris réduit de 1% le taux d'intérêt sur ce qu'elle a accepté de prêter, ce qui fait à la louche 120 millions d'euros de manque à gagner pour le budget 2013. Mais à cela il faut ajouter les autres engagements de la France via la BCE. Au total, on arrive à une facture annuelle d'environ 600 millions d'euros.
C'est donc de l'argent que l'on ne reverra pas ?
Il est trop tôt pour le dire. Pour l'instant, ce sont des engagements de créances. Il ne s'agit pas d'argent sonnant et trébuchant mais toutes ces sommes pèsent dans le calcul des comptes publics d'une année sur l'autre. En réalité, on donne un ballon d'oxygène de quelques années supplémentaires à la Grèce mais rien n'est réglé sur le fond. Les chiffres continuent de donner le tournis : la dette grecque atteindra encore 120% de la richesse nationale en 2020. Posons la question en termes plus crus : à quoi vont servir les derniers 44 milliards d'euros si ce n'est à alourdir le cautère sur la jambe de bois ? Vanter les mérites de ce énième accord, c'est bercer d'illusions le contribuable européen, surtout allemand à la veille des élections législatives prévues à l'automne 2013. Cette Allemagne qui ne veut pas entendre parler d'une restructuration de la dette. Un effacement de l'ardoise auquel tous les bailleurs de fonds d'Athènes se préparent pourtant. Effacer la dette grecque pour permettre au pays de repartir sur des bases nouvelles, avec un Etat et des hommes nouveaux, sans le faire sortir de l'euro, c'est possible. Mais ça serait demander à l'Europe de reconnaître une erreur de gestion historique, et cela, c'est impossible !
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