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Tout euro, tout éco . La commission pour moins d'austérité

La commission européenne change t-elle de politique ? Face à la difficulté des Etats a tenir le cap de la rigueur budgétaire, face à l’absence de croissance et surtout face à la montée des populismes en Europe, la Commission veut lâcher du lest en matière de politique budgétaire, mais tourne-t-elle vraiment le dos à l’austérité?

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (ALEXANDROS MICHAILIDIS / SOOC)

On pourrait penser que la Commission européenne a enfin pris la mesure de la situation économique de la zone euro et des dommages causés par la politique d’austérité. On pourrait penser qu’elle veut changer de cap. En 2014, le patron de la BCE, Mario Draghi avait déjà exhorté les Etats à appuyer à la fois sur le frein et sur l’accélérateur en matière de budget. Un souhait que la commission a repris à son compte cette semaine dans une formule très alambiquée : appelant à une orientation budgétaire expansionniste. Car l’Europe patine, victime du Brexit et de l’élection de Trump, ses prévisions de croissance viennent d’être revues à la baisse à 1, 6 % cette année. Elle a besoin d’un coup de pouce… Et la politique de taux bas et la planche à billets que fait marcher la BCE pour tenir l’économie européenne à bout de bras montre désormais ses limites. Il faudrait maintenant que les Etats prennent le relais.

Dépenser mais pas trop 


Il ne faut pas s'attendre à ce que la zone euro jette son bonnet par-dessus les moulins et ouvre grand son porte –monnaie. La tolérance souhaitée par la commission est d’un ½ point de PIB, c’est-à-dire 50 milliards. Une relance européenne extrêmement timide dans un environnement incertain et avec 8 pays encore fragiles comme l’Italie, troisième économie européenne, mais aussi l’Espagne, la Finlande, le Portugal, la Belgique, la Slovénie, la Lituanie et Chypre, des pays soit avec une croissance très faible soit avec un déficit mal maitrisé. Pas question donc de jouer avec les allumettes et de laisser les déficits et les dettes s’envoler davantage. Il s’agit juste de redonner un peu d’oxygène sans faire repartir l’inflation. On en est d’ailleurs loin puisqu’ elle n’est que de 0,5 %. Mais l’investissement dans la zone euro n’a toujours pas repris. Il accuse un manque à gagner de 300 milliards d’euros, que le plan Juncker n’a pas réussi à rattraper et que la relance annoncée par Bruxelles ne comblera pas non plus.

La fin des sanctions


Le Portugal et l’Espagne ne seront pas sanctionnés et conserveront les fonds structurels qui les aident à se développer, plus question de les asphyxier davantage. L’Italie, en raison des séïsmes à répétition et du fardeau des réfugiés, bénéficie aussi d’indulgence. Mais pas de sanctions non plus contre les trop bons élèves qui déséquilibrent aussi la zone euro, comme l’Allemagne et les Pays Bas qui ont des excédents budgétaires au-delà des 6% permis. « Il faut que l’Allemagne dépense plus », a dit Valls jeudi à Berlin, on lui souhaite bon courage pour être entendu. L’Allemagne garde ses sous pour ses propres finances publiques, qui doivent être constitutionnellement à l’équilibre partout en 2020. Pourtant qui d’autre pourrait claquer ses marges budgétaires pour relancer la zone euro? La réponse est simple : personne d'autre. La commission essaie de faire croire à une rupture avec la politique d’austérité. Les élections dans plusieurs pays européens dans les prochains mois, lui font redouter les scénarii du Brexit ou de l’élection de Trump, c’est-à-dire des électeurs tentés par l’aventure populiste, mais sa réaction est bien tardive, trop frileuse et risque surtout de demeurer un voeu pieu. "

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