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Sofia Corradi : "Mama Erasmus"

Lundi dernier en Espagne lors de la journée de l’Europe, une femme, Sofia Corradi, a reçu le prix européen Charles Quint tout comme Helmut Kohl, ou Jacques Delors. Et cette femme symbolise à elle toute seule la plus grande réussite européenne.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Sofia Corradi a reçu le prix européen Charles Quint © REA)

Sofia Corradi est italienne. Elle a 86 ans, elle était professeur de sciences de l’éducation à l’université de Rome III, on la surnomme Mama Erasmus car c’est elle qui a inventé le programme européen du même nom.

Savez-vous ce que veut dire Erasmus ? Il fait évidemment référence au théologien néerlandais Erasme, mais il signifie aussi : EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students. Voilà pour briller en société. Le programme permet les échanges universitaires au sein de l’Union. Quatre millions d’étudiants issus de 4 000 universités en ont déjà profité depuis sa création, il y a 40 ans bientôt.

Le succès a été exponentiel, aujourd’hui plus de 270 000 étudiants par an sont des Erasmus, un étudiant sur cinq opte pour un stage en entreprise. La référence, c’est le film L’auberge espagnole   du cinéaste Cédric Klapisch, il parle à tous les jeunes d’Europe.

Une longue bataille

20 ans de bagarre pour y arriver. En rentrant des États-Unis, le master de droit comparé de l’Université de Columbia de Sofia Corradi n’est pas reconnu dans son pays. Alors elle décide de partir en croisade pour convaincre les recteurs d’universités et les responsables européens de la nécessité des échanges universitaires.

Ce n’est qu’en 1987, sous la présidence de Jacques Delors à la Commission, que son programme est enfin adopté et financé par le budget européen. Il concerne les 28 États de l’Union, plus cinq États partenaires : l’Islande, la Norvège, le Liechtenstein, la Turquie et la Macédoine. Son budget est de 15 milliards d’euros sur la période 2014-2020.

Depuis peu, il s’appelle Erasmus Plus , car il regroupe tous les programmes d’échanges de l’Union comme Léonardo pour les apprentis, les programmes pour enseignants ou salariés du privé et les programmes sportifs et propose maintenant des garanties de prêts.

Ce budget finance les bourses Erasmus qui compensent le coût de la vie dans le pays choisi, 272 € par mois et par étudiant en moyenne, et les compléments Erasmus pour les boursiers.

Le symbole de l’Europe qui marche

A l’heure où l’euroscepticisme est de mise, Erasmus est le symbole du vivre-ensemble en Europe. Mais fin 2012, victime de la crise, son budget aurait pu être rogné. Il est pourtant modeste, environ 450 millions par an contre 55 milliards à la politique agricole commune. On se souvient du tollé qu’avait soulevé dans le pays l’exclusion de la Suisse de ce programme il y a deux ans.

Les Européens ont donc évité cette crise-là et augmenté le budget. Chaque pays a son agence chargée de la mise en œuvre. En France, elle s’appelle Erasmus Plus France. 35 000 étudiants français et 18 000 stagiaires vont ainsi chaque année passer de 3 à 12 mois à l’étranger et

30 000 étudiants européens sont accueillis dans nos universités.

La France est le deuxième consommateur d’Erasmus derrière l’Espagne et le troisième pays de destination derrière l’Espagne et l’Allemagne. Le congrès américain cite le programme en exemple et la Chine nous l’envie. L’écrivain italien Umberto Ecco considérait qu'Erasmus avait créé la première génération de vrais européens.

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