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Gouvernement économique de la zone euro, l'urgence, c'est d'attendre

Le lundi 23 août , devant les ambassadeurs français réunis à Paris, et pour la deuxième fois de l'été, François Hollande a souhaité doter la zone euro d'un gouvernement économique , c'est-à-dire un budget, un ministre des finances et un Parlement. La crise grecque a montré les limites de l' Eurozone et amène les poltiques à penser le changement. Sans se presser.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (François Hollande devant les ambassadeurs en 2014 © Elysée)

Il en a parlé deux fois cet été, d’abord dans une tribune au JDD à la mi-juillet, puis devant les ambassadeurs réunis à paris, le 23 août,  entre l’affaire du Thalys et la crise des migrants. Ce que voudrait François Hollande, après la crise grecque, c’est réconcilier les français et notamment la gauche avec l’Europe. En proposant : un budget, un ministre des finances et un parlement pour la seule Zone euro, pour les 19 pays qui la composent. L’idée n’est pas neuve, elle date de Jacques Delors en 1989. Mais elle revient avec la crise grecque. Car, souvenez-vous, les grecs avaient dit non par référendum à de nouvelles réformes accompagnant le 3ème plan d’aide, que finalement Tsipras a fini par accepter. Et on a reproché une fois encore, à l’Europe et en particulier à l’Allemagne,  d’imposer son diktat. Un parlement de la Zone euro remettrait un peu de démocratie dans tout ça.

Des textes pour surveiller et punir 

Pour l’instant , les instances qui se penchent sur la politique économique de la  Zone euro, ce sont  la commission,  le conseil des ministres des 28, ainsi que l’Eurogroup, c’est-à-dire les ministres des finances de la Zone euro. Ce sont eux qui approuvent budgets et plans d’aide. Mais on a surtout des outils pour surveiller et punir. Des traités comme Maastricht avec ses exigences de déficit à moins de 3 % du PIB dans chaque pays. Pas vraiment respecté depuis 10 ans. Depuis la crise, les européens l'ont durçit. Avec le semestre européen durant lequel les états discutent avec la commission de leur budget à venir. Et avec, on le sait moins, le six pack, le two pack et le pacte budgétaire, des mécanismes qui permettent à la commission d’infliger des amendes si les budgets dérapent.  Bref, on a des règles du jeu et les sanctions qui passent un peu au-dessus des souverainetés nationales.

L'urgence , c'est d'attendre

Mais quand on parle gouvernement économique de la Zone euro, l'Allemagne ne répond rien. Bien que le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble soit favorable à une Europe à deux vitesses, la Zone euro et les autres. Car sous les mots, on ne met pas la même chose. L'Allemagne veut le  respect des règles et du contrôle, la France veut de la souplesse et de la solidarité. Quant au budget propre de la Zone euro, il serait  sans doute  en grande partie alimenté par l’Allemagne. Et là, c’est plutôt Nein. Sans compter qu’il faudrait aussi changer les traités. La crise grecque a secoué les européens mais pas au point de vouloir tout chambouler. Pas de vision, pas d’audace, juste des règles, des sanctions et en cas de pépin, le fameux Mécanisme Européen de Solidarité. L’Europe est sur la défensive, à la recherche d’une direction, et plus simplement d’un nouvel avenir. Sans grande conviction car avec la perspective des élections de 2017, en France et en Allemagne, il est urgent d’attendre.

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