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Europe : entre migrants et protection des frontières

Après les attentats de Paris et la peur qu’ils ont répandue sur l’Union, peut-on encore parler en Europe du dossier des réfugiés ? Le sommet qui y est consacré, ce 29 novembre à Bruxelles, entre les 28 et la Turquie, sera un véritable défi à l’Europe.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Réfugiés entre la Turquie et la Grèce le 22 août 2015 © Maxppp)

 Cette semaine à Varsovie, le gouvernement polonais a retiré les drapeaux européens de ses salles de presse, un signe de la fragilité dans laquelle se débat une Europe coincée entre terrorisme et accueil des réfugiés. Manuel Valls, dans un quotidien allemand réclamait cette semaine que l’Europe cesse d’accueillir autant de réfugiés, compte tenu de la menace djihadiste, repris de volée par le haut-commissaire aux réfugiés qui met en garde contre tout amalgame.

Bruxelles tout comme la chancelière plaident encore pour que les engagements des États à se répartir ces réfugiés soient tenus. On en est très loin. La présence de deux terroristes parmi les migrants sur l’ile grecque de Lesbos a semé la peur à travers une Europe qui ne fait pas confiance à ses institutions, et en premier lieu à Frontex, la douane européenne qui manque de moyens. Macron et Gabriel ont beau proposer un budget de 10 milliards sur 3 ans pour protéger les frontières, développer la coopération, la sécurité et l’accueil des réfugiés, une proposition pour recoller les morceaux, le manque d’Europe politique est devenu criant.

La Turquie, qui fait monter les enchères. C’était déjà le cas avant les attentats de Paris. L’Europe attend de la Turquie qu’elle surveille davantage la Méditerranée, stoppe les passeurs, participe davantage à l’expulsion d’immigrés illégaux, et garde les autres chez elle. Mais tout ça a un coût pour lequel Ankara demande 3 milliards d’euros. Un prix très élevé mais qui n’est rien au regard de sa deuxième revendication : reprendre les pourparlers d’adhésion avec l’Europe.

C’est déjà le cas puisque l’Autriche, s’est déjà vue accorder l’indulgence de Bruxelles pour le coût supplémentaire occasionné par les nombreux réfugiés qui passent par son territoire. Cela lui coûte 0,3% de son PIB. Et Pierre Moscovici la semaine dernière reconnaissait que dans ces circonstances exceptionnelles, ces règles pouvaient s’assouplir aussi pour d’autres. Depuis le temps que la Grèce et l’Italie le demandent, ce n’est pas trop tôt.

Même la France va profiter de cette indulgence malgré son déficit excessif depuis 6 ans. Elle sera même en 2017, le seul pays à ne pas respecter les critères de Maastricht depuis que, comme l’a dit François Hollande, le pacte de sécurité prime sur le pacte de stabilité. La question de la sécurité des frontières européennes fait donc exploser la politique d’austérité. Une austérité qui pèse au mauvais moment sur les politiques et de sécurité et de défense dans tous les pays de l’Union. Et sans politique de défense, de sécurité et sans politique migratoire commune, l’Europe reste démunie.

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