Brexit, le saut dans l’inconnu des Britanniques
On ne peut pas le chiffrer. Si les Britanniques choisissent le Brexit, ce sera un saut dans l’inconnu aussi bien pour Londres que pour le reste de l’Europe. Un seul cas auparavant : le Groënland, toujours Danois mais qui est sorti de l’Union en 84. Mais le Groënland, ça n’est pas le Royaume Uni. Plusieurs estimations ont été faites, elles affichent entre 470 et 1400 milliards d’euros de pertes pour l’ensemble de l’Europe, Grande Bretagne comprise, c’est le grand écart. L’institut Prognos parle de 470 milliards avec le retour aux anciennes barrières douanières, dont 87 pèseraient sur le budget du Royaume Uni. La dernière étude en date, celle commandée par la confédération des patrons britanniques parle de 127 milliards de manque à gagner et 1 million d’emploi détruits. Open Europe étudie plusieurs scénarii qui varient de moins 5 points de PIB à plus 6, autant dire que tout cela n’aide pas les Britanniques à réfléchir.
Sur quoi pesera le Brexit ?
Bien évidemment d’abord sur le commerce et la finance qui représente à elle seule une grande partie de l’économie britannique. Par exemple, pour accéder au marché unique européen, la Norvège, qui n’est pas dans l’Europe, débourse chaque année près de 2 milliards d’euros de droits de douanes. Et qui dit droit de douanes, dit bien entendu renchérissement des produits importés qui pèseront sur les ménages, la consommation et donc l’emploi et dit aussi renchérissement des exportations donc moindre attractivité des produits britanniques, ce qui pèsera aussi sur l’emploi. Et tout ça touche l’Europe qui exporte 43 % de sa production vers la Grande-Bretagne mais qui importe aussi 47 %de produits d’Outre- Manche. Mais sans ses chaînes européennes, la Grande-Bretagne sera aussi libre de ses lois sociales, libre de passer des marchés avec d’autres pays sans en référer à Bruxelles, Le journal The Sun parle de 140 000 emplois créés si la Grande-Bretagne se détourne de l’Europe au profit l’Asie.
L’Europe qui coûte trop cher
C’est l’éternelle récrimination britannique. Dès 46, dans le discours de Zurich, Winston Chuchill plaidait pour un rapprochement franco-allemand et pour la création de l’Europe mais rappelait que le Commonwealth était à l’Angleterre. Il y a eu bien sûr le "I want my monney back" de Thatcher au sommet de Fontainebleau en 84, deux moments qui ont laissé croire aux britanniques que l’Europe n’était pas une nécessité. Seul moment de répit, la période Blair avec cette déclaration d’amour à l’Europe, "je veux un Royaume-Uni au cœur de l’Union Européenne". Aujourd’hui, l’ancien locataire de Downing Street s’alarme devant le possible chaos d’un Brexit qui donnerait des idées à d’autres, des envies de séparatisme à des régions comme l’Ecosse ou la Catalogne et dont les conséquences, y compris sur le monde de la finance, ne sont pas mesurables. La Grande-Bretagne a obtenu de nouvelles faveurs pour rester, on murmure à Bruxelles qu’elle pourrait en vouloir plus, que le Brexit ne servirait qu’à faire peur pour finalement rester dans l’Union, après l’organisation d’un nouveau référendum. Machiavel ou pas, dans ce billard à multiples bandes, l’Allemagne et la France demeurent extraordinairement silencieuses.
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