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Philippe Claudel : "C’est devenu un gros mot, les bons sentiments"

Romancier et cinéaste, lauréat du prix Renaudot en 2003 pour "Les âmes grises", devenu depuis un film. Philippe Claudel est l"invité de Philippe Vandel dans "Tout et son contraire".

Article rédigé par franceinfo
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L'écrivain Philippe Claudel, le 8 septembre 2016 à Nancy.  (/NCY / MAXPPP)

Philippe Claudel vient de sortir un nouveau roman, sous forme d’histoires courtes, Inhumaines. Cela se passe dans la classe moyenne, des couples mariés, avec ou sans enfant, au sein desquels se produisent toutes les horreurs possibles et imaginables : des meurtres, de la torture, des bébés congelés, de l’inceste... Philippe Claudel nous explique qu'il faut en rire, sorte de résurrection de l’esprit hara-kiri, mais par écrit.

"La réalité nous offre chaque jour son lot d'atrocités. Si on regarde ces atrocités avec distance ou un peu plus de légèreté, on peut en faire des prétextes à des satires", souligne l'auteur, pour qui il s'agit simplement d'observer ce que nous sommes devenus : "des êtres inhumains"

On voit toujours le monstre chez l'autre et jamais celui qui sommeille en nous.

Philippe Claudel, écrivain

Philippe Claudel parle de son livre comme s’il en était non pas l’auteur, mais le lecteur. "Parfois on a l’impression que le roman devient délirant, raconte-t-il. À un moment, le narrateur est invité à un mariage et il y a un de ses collègues qui se marie avec une ours, donc là on se dit que Claudel il déraille complètement !"
    
Au-delà de l'écriture, Philippe Claudel est également cinéaste. Son coup d'essai a été un coup de maître. Son premier film, Il y a longtemps que je t’aime, avec Kristin Scott Thomas, a cartonné : César du meilleur premier film, un million d’entrées. Il a été aussi un succès à l'étranger, avec 1,5 million d’entrées dans quarante pays, et deux nominations aux Golden globes.

Le film a pourtant reçu une critique acerbe des Cahiers du Cinéma qui l'ont jugé "abominable". Frédéric Beigbeder y a  vu un mélodrame dégoulinant de bons sentiments. "C’est devenu un gros mot, les bons sentiments. La critique cinéma, littéraire ou théâtrale s’en sert toujours pour démolir quelque chose, alors qu’il me semble que nous sommes humains parce que nous sommes capables de bons sentiments", explique Philippe Claudel.

De choriste dans un groupe punk à auteur à succès

Ce dernier écrit aussi des pièces de théâtre. L’une d’entre elles, Parle-moi d’amour, est jouée actuellement au théâtre La Pépinière avec Caroline Silhol et Philippe Magnan. Cette comédie relate l'histoire d'un couple qui se déchire. "Est-ce qu'on peut écrire une engueulade qui dure deux heures ?", s'était interrogé l'auteur en l'écrivant. Et la réponse est oui ! "Les sujets ne manquent pas, tout est matière à étincelle", remarque-t-il, entre le travail, les enfants, l'adultère, les parents... 

Un parcours étonnant car avant de connaître le succès, Philippe Claudel se voyait lui-même comme un "loser", à boire un litre de Gin tous les soirs. "J'étais dans une forme d'autodestruction. J'avais vraiment touché le fond", confie-t-il. Chose plus insolite, il a été choriste dans un groupe de punk : "On a dû faire trois concerts et pour faire les chœurs, il suffisait de boire de la bière et de beugler".


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