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Matthieu Ricard : "Les sages ne sont plus des modèles"

En 1972, Matthieu Ricard a décidé de devenir moine bouddhiste et de méditer. Mais il continue à écrire. Il a publié en septembre dernier son œuvre la plus importante : "Plaidoyer pour l'altruisme – La force de la bienveillance" (éditions Nil). Un pavé de plus de 900 pages, pour montrer le pouvoir de transformation positive qu'une attitude altruiste peut avoir sur les autres, et sur nous-mêmes.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (Mathieu Ricard en 2008. © DOMINIQUE LEROY/WORLDPICTURES/MAXPPP)

 Interprète pour le Dalaï-lama, Matthieu Ricard dénonce l'individualisme grandissant de la société. Où chacun se croit supérieur. Et unique. Cela commence avec la mentalité de "l'Enfant roi". Il raconte qu'aux États-Unis, un vêtement sur dix porte quelque part la mention "princesse". Cela va jusqu'en classe où les professeurs américains sur-notent leurs élèves et leur laissent ainsi croire qu'ils sont les meilleurs du monde. Même si toutes les études comparatives montrent l'inverse.

 

Matthieu Ricard explique que cela se fait au détriment de tous les repères et donc de la vie en groupe. Il cite ainsi un sondage qui en dit long sur les valeurs de notre société : "On a demandé aux gens, aux Etats-Unis, quelle personne ils admiraient le plus, le Dalaï-lama ou Tom Cruise. 80% ont répondu le Dalaï-lama. On leur a ensuite demandé qui ils voudraient être. 70% ont choisi Tom Cruise. Ca veut dire qu’ils se disent qu’il vaut mieux être beau, riche et influent comme Tom Cruise.

La violence en baisse

Dans son livre, Matthieu Ricard montre également que la violence n’a cessé de baisser depuis des siècles. Par exemple, le nombre d’homicides en Angleterre pour 100.000 habitants était de 110 en 1350, de 10 au XXVIe siècle et désormais de un. "En Europe, on a entre cinquante et cent fois moins de chances d’être tué ", assure le moine bouddhiste, qui rappelle que "c’était un spectacle d’aller voir les pendus au Moyen-Âge. A tel point qu’un village français a loué un condamné à mort à une autre ville parce que les gens se plaignaient qu’il n’y avait pas eu d’exécution publique depuis longtemps ."

TOUT ET SON CONTRAIRE / Le vrai-faux de Matthieu Ricard

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