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Jérôme Ferrari : "La distinction entre la vérité et le mensonge n'a plus une grande importance dans le débat public"

Romancier, prix Goncourt en 2012 pour "Le sermon sur la chute de Rome", Jérôme Ferrari était l'invité de Philippe Vandel dans "Tout et son contraire".

Article rédigé par franceinfo
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Jérôme Ferrari a obtenu le prix Goncourt 2012 pour son livre Le Sermon sur la chute de Rome. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Jérôme Ferrari  vient de publier un recueil chez Flammarion Il se passe quelque chose. Il s’agit des 22 chroniques qu’il a tenues chaque lundi, de janvier à juillet 2016 dans le quotidien La Croix.

Dans cet article, Jérôme Ferrari cite Hanna Arendt qui écrivait : "Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu, ni le communiste convaincu ; mais les gens pour qui la distinction entre le fait et la fiction, et la distinction entre le vrai et le faux, n’existe plus". Avec un an d'avance, il prédisait Donald Trump et ses "alternative facts" et les "fake news". Quelques temps plus tard, la France entendait François Fillon dire publiquement que des chaînes d’infos avaient annoncé le suicide de sa femme alors que c’était inexact. "Je suis profondément indigné que des choses aussi énormes puissent être dites et passées sans plus de dommages que ça […] La distinction entre la vérité et le mensonge n'a plus une grande importance dans le débat public", explique-t-il.


Jérome Ferrari est toujours professeur de philosophie. Cela ne l’empêche pas de tacler un confrère, le philosophe Alain Finkielkraut. Ferrari écrit ainsi : "Finkielkraut manie l’invective et l’anathème systématique au point de transformer chacun de ses passages dans les médias en un vibrant plaidoyer pour l’usage thérapeutique de l’ecstasy." Et même avec le recul, Jérôme Ferrari persiste et signe : "Il n’est quand même pas à l’image du discours rationnel et posé [...] Je pense qu’on fait un usage enthousiaste du terme de philosophie en ce moment. Il y a beaucoup de choses qui révèlent de pratiques légitimes de défenses d’opinions, de la polémique qui sont donc légitime, honorable mais qui n’ont rien à voir avec la philosophie."
       
Souvent présenté comme un écrivain corse, Jérome Ferrari a pourtant grandi à Vitry-sur-Seine. Après une maîtrise de philosophie, il part s’installer en Corse.  Fascination puis déception. Pendant deux ans, il écrit dans un journal indépendantiste. Il a même tenu un site satirique dans lequel il singeait les vieux insulaires revenus des colonies et où il appelait à la reconquête de l’Indochine et de l’Algérie... Ces deux années durant, il touche au sentiment d'appartenir à un troupeau, rien ne semblant lui faire plus plaisir. Il raconte également que malgré ses idées de gauche, il développait de sérieuses tendances fascisantes en devenant moins tolérant, moins ouvert à la contradiction. Des choses dont il dit ne plus être très fier aujourd’hui.

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