Tout est politique. Mondial-2018 en Russie : "C'est l'occasion pour un pays, de séduire et de montrer sa puissance"
On pourrait se dire que le Mondial 2018 en Russie n'est qu'une actualité sportive, cette Coupe du monde mérite un décryptage de ses dimensions politiques et diplomatiques. Emission présentée vendredi par Olivier de Lagarde.
Cette émission n'a jamais aussi bien porté son nom. On pourrait a priori qu'il ne s'agit de football lorsqu'on évoque le Mondial 2018 en Russie, mais on va tenter de décrypter quelles sont les dimensions politiques et diplomatiques de cette Coupe du monde de football.
"Depuis toujours c’est un événement politique", explique Michel Eltchaninoff, philosophe, rédacteur en chef de Philosophie-magazine, auteur de Dans la tête de Vladimir Poutine, Solin/Actes sud. "C’est l’occasion pour un pays, de séduire et de se montrer, de montrer sa beauté et sa puissance. La Russie a une tradition de soft power à travers le sport qui est ancienne avec l’Union soviétique", affirme-t-il.
"Si vous vous souvenez des précédents, il y a eu des ratés, il y avait les Jeux olympiques en 1980 à Moscou, mais il y avait eu le boycott américain, Ensuite il y a eu les Jeux olympiques d’hiver à Sotchi début 2014, la fête avait été gâchée par le Maïdan qui venait de se déclencher en Ukraine. Il y a un enjeu politique majeur qui est de donner une grande image de la Russie", souligne le philosophe.
Redorer l'image de Vladimir Poutine et de la Russie
Cette coupe du monde est importante pour Vladimir Poutine, selon Andrei Gratchev, Andrei Gratchev, ancien conseiller de Mikhail Gorbatchev et auteur de Un nouvel avant-guerre, chez Alma éditeurs.
"Le sport et la politique vont toujours ensemble. C’est peut-être une occasion de tourner la page des Jeux de Sotchi avec cette histoire des dopages", explique-t-il.
Autre analyse de Iuliia Berezovskaïa, journaliste, directrice du site d’information Grani.ru qui donne la parole aux opposants. "Pour moi, c’est un épisode de cette guerre qui est globale, hybride, Poutine est en guerre contre le monde occidental. Il est trop tard d’organiser une campagne de boycott. Pour moi, c’est une défaite morale de l’Occident le fait que cette coupe du monde soit organisée par la Russie", estime la journaliste.
Philippe Migault, du Centre européen d'analyse stratégique, spécialiste de l’armement et de la Russie, n'est pas de cet avis. "Je ne sais pas si on peut parler de guerre hybride. Les relations se sont détériorées depuis une demi-douzaine d’années. Je pense que cette Coupe du monde, c’est l’occasion pour la Russie d’essayer de tendre une main précisément vers les Européens, et de leur dire que c’est l’occasion de surmonter les divergences et de renouer un dialogue", analyse-t-il.
Les invités de l'émission
Michel Eltchaninoff, philosophe, rédacteur en chef de Philosophie-magazine, auteur de Dans la tête de Vladimir Poutine, Solin/Actes sud
Andrei Gratchev, ancien conseiller de Mikhail Gorbatchev et auteur de Un nouvel avant-guerre, chez Alma éditeurs.
Iuliia Berezovskaïa, journaliste, directrice du site d’information Grani.ru
Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de l’armement et de la Russie
Les thèmes abordés
Coupe du monde 2018 : un événement politique pour Poutine.
Le sport pour restaurer la grandeur russe.
La Russie affaiblie ou renforcée à l’international ?
Coupe du monde en Russie : la sécurité en question.
La Coupe du monde la plus chère ?
Le soupçon du dopage.
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