Tout est politique. "L'essentiel du glyphosate présent dans notre alimentation vient de ce qui est importé" rappelle le député Nicolas Forissier
Les invités de "tout est politique" ont notamment débattu mercredi soir autour de l'interdiction du glyphosate en France d'ici trois ans.
En novembre 2017, Emmanuel Macron s'était engagé à ce que la France n'utilise plus de glyphosate d'ici trois ans. Mais alors que le projet de loi Agriculture et alimentation est étudié à l'Assemblée Nationale, l'interdiction de l'herbicide ne figure pas dans le texte. Les défenseurs de l'environnement craignent un recul du gouvernement, mais le ministère de l'Agriculture rappelle qu'un plan de sortie des produits phytosanitaires est prévu pour le début du mois de juillet.
L'extrait
franceinfo : Nicolas Forissier, vous êtes un ancien secrétaire d'Etat chargé de l'agriculture. Est-ce que l'interdiction du glyphosate aurait dû figurer dans le texte de loi ?
Nicolas Forissier: Il y a une règle qui a été votée à l'échelle européenne et qui fixe la disparition du glyphosate dans cinq ans. Mais le premier acte en matière agricole que le président de la République a commis, c'est de dire "on va le faire en trois ans", ce qui est une surtransposition par rapport à ce que la règle européenne édictait.
Tant qu'on n'aura pas trouvé des solutions de remplacement à l'utilisation du glyphosate, on mettra une fois de plus les agriculteurs français dans une situation de manque de compétitivité par rapport à nos principaux concurrents, alors que nous sommes en train de perdre des parts de marché dans ce domaine.
Nous avons ce débat franco-français et un certain nombre de lobbys nous poussent à le faire. Je suis pour l'interdiction à terme du glyphosate, mais il faut le faire en même temps que les autres car pendant ce temps, on importe des produits alimentaires qui ont été traités mais pas selon les normes françaises. C'est juste avant la récolte, quand le glyphosate se dépose sur les feuilles qu'il devient dangereux. Les résidus de glyphosate que nous avons dans notre alimentation viennent pour l'essentiel de ce qui est importé.
Nous avons un débat qui est assez confus, et qui est décalé par rapport à la règle fixée à l'échelle européenne. Je souhaite que l'on reste à l'échelle européenne et que l'on mette le paquet sur la recherche et le soutien à l'investissement pour trouver des initiatives ou des technologies différentes. Et c'est possible.
Les invités
Laurent Saint-Martin, député LREM de la 3e circonscription du Val-de-Marne, vice-président de la commission des finances à l'Assemblée Nationale
Nicolas Forissier, député de la 2ème circonscription de l’Indre
Caroline Fiat, aide-soignante, députée La France Insoumise de Meurthe-et-Moselle, co-rapporteur de la mission d’information EHPAD
Christophe Madrolle, Secrétaire général de l’UDE (l’Union des Démocrates et des Ecologistes), conseiller municipal Marseille
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