Cet article date de plus de dix ans.

Prenons le temps !

Formidable projet : la Future Librairy, bibliothèque du futur. Les auteurs écrivent un livre qui ne sera lu et publié que dans cent ans, en 2114. C'est l'écrivaine Margaret Atwood qui débute. Alors, je rêve à la transposition de ce projet en politique. Loin de l'instantanéité et du temps présent. Loin des slogans du moment et des promesses intenables. Lire, écouter ceux qui ont le temps de savoir.
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce matin dans l’autre info vous nous invitez à prendre notre temps.

Je sais que ce n’est pas le moment. L’instantanéité a tué la réflexion. Le mouvement perpétuel a remplacé la patience. On doit foncer ! S’arrêter c’est risquer de tomber. Il faut dire que nous sommes au coeur d’une crise épouvantable dont les plus précaires sont les victimes et qu’il est nécessaire d'aller le plus vite possible pour les sortir de la nasse. Je sais bien. Pourtant, je suis tombé, sur le site internet l'Actualitté.com (avec deux TT comme littérature) et dans le Guardian sur un projet fou qui m'a fait rêver. Ça s’appelle « Future Library », la bibliothèque du futur et le but du jeu c’est de demander à des écrivains d’écrire des livres qui ne seront publiés et donc lus que dans cent ans.

Personne ne verra ce qu’écrivent ces auteurs avant 2114.

2114, c’est bien ça et c’est une écrivaine canadienne Margaret Atwood qui est la première à se prêter à l’exercice. La bibliothèque du futur devrait comprendre cent titres rédigés par cent auteurs, un par an, qui resteront secrets jusqu’à 2114. Le projet a aussi une dimension écolo. En Norvège, dans la région d'Oslo, un millier d'arbres a été planté ; des arbres qui serviront à imprimer ces livres. Des livres qui paraîtront peut-être, d'ailleurs, alors que le livre papier ne sera plus que poussière.

Et vous avez eu envie de transposer cette idée folle à la politique.

Oui. Bien sûr, il faudrait raccourcir les délais mais on pourrait demander à nos cerveaux les plus éminents d’écrire dans leur coin leurs solutions pour que nos enfants, nos petits-enfants ne vivent pas plus mal que nous. Leurs écrits, vraiment solides, pas comme les rapports qui calent les pieds de la table de nuit de Michel Sapin, guideraient la politique de nos gouvernants qui, dans deux, dans cinq ou dans dix ans devraient s'inspirer de leurs conseils.

Du coup, finies les promesses intenables de tribunes ou de campagne électorale ! Les « Mon ennemi c’est la finance ! »,  Les " Vos impôts vont baisser  ! " Ou bien les  " Je vais inverser la courbe du chômage en deux coups de cuiller à po t " ! Finis les " Moi Président BLABLABLA... Je sais bien que je suis un rêveur. " Qu’en politique on doit agir " hier ", sinon on est battu à l’élection qui suit et que c'est ça le plus important.

Je sais bien qu’il y a, depuis un an un Commissariat général à la stratégie et à la prospective qui a remplacé le Centre d'analyse stratégique qui avait remplacé le Commissariat général au Plan. Mais je me demande si ces instances servent à autre chose qu’à placer des copines et des copains de promos de l'ENA... Monsieur le ministre d’État, est-ce que ce ne serait pas bien de freiner ? De freiner sec ? Pour suivre, à long terme, sans changer de cap tous les matins, les avis de ceux qui pensent. Plutôt que de foncer dans le mur. En klaxonnant ! ?

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