La rue ne pardonne pas
Ce matin l’autre info est à Namur en Belgique
C’est une très triste histoire que racontent les médias belges depuis ce week-end. Il s’appelait Jean-Luc, il était quinquagénaire, il était sans domicile fixe. Il est mort il y a une semaine, dans la nuit du 6 au 7 mars à Namur et le Parquet vient d’ouvrir une enquête suite à son décès…
Pourquoi ?
Parce que malheureusement les services sociaux lui ont refusé l’accès à l’abri de nuit et qu’il est mort ensuite.
Pour quelle raison ?
Jean-Luc qui vit dans la rue se rend ce soir là à l’abri de nuit. Il est familier des services sociaux namurois depuis plusieurs mois. Il veut passer cette nuit au chaud. Il fait froid la nuit à Namur. Il arrive donc à l’abri mais là on lui en refuse l’accès. Pas parce que l’abri serait complet, mais car Jean-Luc a, je cite, "épuisé son quota de nuitées" ! Si de décembre à février les sans abris namurois sont hébergés en permanence, ils ne peuvent passer que 45 nuits par an à l’abri de nuit. Alors il y a des exceptions durant les nuits les plus glaciales de novembre et mars (à partir de -5º), mais ce n’était apparemment pas le cas dans la nuit du 6 au 7 mars dernier. Jean-Luc est donc mort quelques jours plus tard à l’hôpital et pas devant l’abri de nuit puisque des passants l’ont découvert dans un bien triste état dans la rue. Une fin tragique, surtout quand tout indique qu’il y avait de la place dans l’abri. Selon certains sources citées par les médias belges, ce soir-là, sur les 34 places disponibles, il n’y avait que huit lits occupés. Il y a même un témoin qui dit avoir prévenu... Cette fin épouvantable crée évidemment un émotion très vive, chez les travailleurs sociaux de Namur notamment mais aussi chez les politiques et les citoyens. C’est pour cette raison que le parquet de Namur s’est saisi de l’affaire. Une enquête pénale va être ouverte pour non assistance à personne en danger a expliqué le procureur du Roi de Namur. Il est vrai que ce sytème de quotas de nuits est plutôt ambigu. Soutenu à la fois par la Ville et par la Région wallonne, ces quotas ont été instaurés pour accompagner les sans-abri vers la réinsertion et qu'ils n'en viennent pas à considérer l'abri de nuit comme un "hôtel social perpétuel". Je laisse la paternité de l’expression au bourgmestre de Namur. On comprend l’intention mais malheureusement elle ne résiste pas à l’épreuve des faits et au récit du décès de Jean-Luc. Cette mort tragique montre bien, pour parodier Hamlet, qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Belgique… Madame Lepage, pardon, ma question va être très choquante… À quoi bon sauver la planète si on laisser crever les Hommes dans la rue ?
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