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La France des Autres

Une conférence organisée à Agen était consacrée aux langages des Poilus. On y découvre le nombre de mots incroyables que nous devons aux apports des soldats algériens ou des soldats africains qui ont participé à la guerre de 14/18. L'occasion de rappeler à nos compatriotes ce que nous devons aux Autres, avec une capitale à Autres...
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

L’autre info nous vient d’Agen

C’est en lisant Sud Ouest que j’ai appris qu’hier avait lieu à Agen une conférence sur la survivance des mots et expressions des soldats de la guerre de 14/18…

Vous avez des exemples ?

Si je vous dis « bled », « toubib », « caïd », « gourbi », « flouse », « baraka », « scoumoune »… qui, aujourd'hui, connaît la provenance exacte de ces mots tous passés dans notre langage de tous les jours ? Eh bien grâce à la conférence que donnait l'Agenais Maurice Cottenceau, j’ai appris que ces mots ont plus d'un siècle. Mais surtout qu’ils sont apparus dans notre pays et dans notre langue exactement là où les soldats français, les poilus se sont battus aux côtés de leurs camarades Algériens !

À l'époque, ces soldats algériens étaient 180.000 sur les fronts. Il y avait aussi 120.000 autres algériens qui étaient mobilisés pour suppléer les français envoyés au front. Autre exemple : le mot « Chleuh » qui fut donné aux allemands lors de la deuxième guerre mondiale. « Chleuh » c’est le nom d'une peuplade berbère du sud-ouest marocain et le nom de la langue de ces berbères. Quand on creuse un peu le sujet, on découvre que « chleuh » apparaît lors de la Première Guerre mondiale. Il signifie alors « soldat des troupes territoriales » dans l’argot des soldats combattant au Maroc. Puis ça deviendra « frontalier parlant une langue autre que le français », puis personne allemande ou de langue allemande et enfin vers mai 1940 militaire allemand. J’ai continué à fouiller et j’ai trouvé dans un formidable Lexique des termes employés en 14/18 que le barda l’équipement du soldat vient de l’arabe barda’a, / bardahet q ui était une couverture de cheval. Je pourrai ajouter des dizaines d’autres exemples et encore, je n’ai pas évoqué ce que nous devons, et pas que des mots, aux tirailleurs africains. Pour tout vous dire, je trouve très utile de rappeler ces jours ci à nos compatriotes ce que nous devons aux « Autres » avec une capitale à « Autres ». Surtout en ces temps troublés où les peureux de tous les partis voient derrière chaque musulman une filière djihadiste et un égorgeur potentiel. Derrière n’importe quel africain fiévreux un porteur du virus Ebola. Et je ne parle pas de notre indifférence totale vis à vis de ceux qu’on nomme les « migrants ».

On aimerait bien entendre les socialistes donner de la voix sur ces sujets Bruno Le Roux ! Rappeler quelques évidences historiques à Zemmour et compagnie… Mais sans doute n’est ce pas ou n’est ce plus tellement socialiste de se préoccuper des Autres. Avec une capitale à Autres, j’insiste…

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