La femme aux cent cinquante enfants...
Global Voices la communauté de plus de 800 bénévoles qui traduisent des articles d'actualité à partir des blogs, de la presse indépendante et des médias sociaux de 167 pays, nous fait découvrir Toktogon Altybasarova, une femme absolument incroyable qui vient de mourir à l'âge de 91 ans…
Qu’ a-t-elle d’incroyable ?
Toktogon Altybasarova a protégé 150 enfants évacués de Leningrad au cours des deux ans et demi qu’a duré le blocus pendant la Seconde Guerre mondiale. C'était précisément en 1942. Les nazis bombardaient la seconde ville de Russie, aujourd’hui nommée Saint-Pétersbourg. Altybasarova était alors âgée de 16 ans. Elle a nourri les évacués, les a hébergés dans un dortoir pour le personnel ouvrier de la région, dans son village, Kurmenty, au nord-est du Kirghizistan. Elle s'est aussi occupée de ces 150 enfants. En réalité, elle les a adoptés et élevés jusqu’à ce qu’ils deviennent adultes puis partent travailler et étudier dans différentes régions de l’Union soviétique.
C’est une véritable héroïne, une légende même dans son pays et sa mort est un tel événement que le président du Kirghizistan, Almazbek Atambayev, lui a rendu un bel hommage dans un message vidéo. D’ailleurs c’est le cabinet du président qui a déboursé 100.000 soms kirghizes soit 1.700 dollars afin d’assurer les frais funéraires. Altybasarova a eu elle-même 8 enfants, 23 petits-enfants et 13 arrière-petits-enfants.
Cette belle histoire résonne cruellement à nos oreilles en 2015. Une femme de 16 ans qui adopte 150 mômes pour les sauver, aujourd’hui ça semblerait totalement fou, déraisonnable. Pourtant, il fut une époque où partout des gens se sont levés, des gens déraisonnables, et ont agi avec humanité pour d’autres qu’ils ne connaissaient pas mais qu’ils ne voulaient pas laisser mourir. Gardons-nous des amalgames déplacés et des comparaisons historiques ou géographiques anachroniques, mais avouez, monsieur Cazeneuve, qu’en ce jour où sur France Info nous nous questionnons sur le sort tragique des migrants, l’exemple d’Altybasarova devrait nous faire réfléchir. Nous, Européens qui restons sidérés et apathiques devant le destin brisé de ceux qui s’échouent, coulent et meurent au large de nos côtes. Certes, c'est la crise… certes, il y a le chômage… Nos peuples européens traversent des difficultés… Mais ne croyez vous pas monsieur le ministre qu’en 1942 en Union Soviétique c’était tout aussi difficile pour Toktogon Altybasarova ? Qu’avons nous fait de notre humanité monsieur le ministre ?
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