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La coiffeuse est "suspendue"

C'est à Toulouse que Véronique Jalby a décidé de coiffer gratuitement les plus démunis grâce aux dons de ses clients. Cette "coiffeuse suspendue" (du nom d'une tradition napolitaine, le "café suspendu" a choisi d'emprunter la voie de la solidarité. Au delà de l'anecdote, c'est de dignité qu'il est question, avec un D majuscule.
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce matin l’autre info est à Toulouse…

C’est un article de la Dépêche du Midi qui a attiré mon attention. Il y est question de Véronique Jalby, la gérante du salon Oz. Elle est « coiffeuse suspendue » depuis septembre dernier.

Qu’est ce que ça veut dire « coiffeuse suspendue » ?

En vérité il s’agit de coiffure solidaire. Grâce aux dons de ses clients Véronique coiffe gratuitement les plus démunis. Alors pourquoi « coiffeuse suspendue » ? En fait, tout ça part d'une tradition apparue à la fin de la deuxième guerre mondiale à Naples, en Italie. Le «caffè sospeso» consistait à se commander un café et à en payer deux. Celui que l’on boit et celui que l’on offre à un autre client désargenté.

C’est de cette tradition de solidarité envers les plus pauvres que vient la coiffure suspendue. Mais là à la place du "petit noir" c’est un shampoing, un soin, une coupe, un brushing que se voient offrir les plus précaires. Quand on sait l’importance dans notre société de l’apparence, du regard des autres, il est vraiment formidable que ce genre de services offerts aux plus démunis se multiplient.

Parce que ce n’est pas du tout accessoire et que c’est bien de dignité dont il est question. Véronique Jalby explique d’ailleurs et elle a raison que le look est primordial pour des personnes démunies qui veulent passer un entretien d’embauche. Alors quand on se promène un peu, notamment sur le Web, on peut trouver des coiffeurs solidaires dans d’autres villes de France : à Blois par exemple où le Fonds social européen permet de proposer des tarifs préférentiels aux femmes socialement isolées des quartiers nord de la ville. Idem à Asnières. Mais la gratuité totale comme à Toulouse est plus rare dans notre pays. On la découvre, en revanche, en Belgique. Pour revenir à Toulouse, Véronique Jalby peut désormais accueillir 35 personnes gratuitement grâce aux dons que les clients ajoutent à leur ticket de caisse.

Mais il n’y a pas que la coiffure qui est solidaire et d’ailleurs, le 7 décembre, à l'initiative du salon Oz, toute la rue de l'Industrie à Toulouse deviendra solidaire. Il y aura d’autres coiffeurs et des maquilleuses qui s’occuperont de ceux qui ne peuvent pas payer. Quatre restaurants prépareront des repas et l'agence immobilière transformera ses locaux en magasin de vêtements et de jouets.

Alors monsieur Jacob, je sais bien que vous avez eu des mots très durs sur l’assistanat, notamment lors de votre réponse au discours de politique générale de Manuel Valls en septembre, mais ne pensez vous pas que nous ne sommes toujours pas assez solidaires et que nous devrions tous donner davantage à ceux qui n’ont rien ou pas grand chose ?

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