Ces Français qui veulent rester maîtres de leurs semences
Ils ne veulent pas tomber entre les mains des grandes firmes qui ont labellisé les espèces et vendent aujourd'hui des graines standardisées qu'il faut racheter tous les ans parce qu'elles sont stériles. Non seulement, cela coûte cher, mais cela nuit à biodiversité.
En mille ans, les trois quart des espèces de plantes ont disparu et cela s'est accéléré depuis la Seconde Guerre mondiale. En voulant améliorer la rentabilité et la résistance des espèces. On a laissé les compagnies comme Monsanto privatiser le vivant.
La plupart des agriculteurs Français utilisent maintenant des graines commerciales. Ils n'ont pas vraiment le choix d'ailleurs. Car s'ils veulent conserver des espèces plus sauvages, ils se heurtent très vite à la réglementation sanitaire.
Les pâtissons, le rutabaga et tous ces vieux légumes qui ne répondent pas aux normes vivent dans un statut d'exception. Et se voient sans cesse menacés. Car les paysans ne peuvent pas utiliser de semences non homologuées.
C'est un peu comme les 365 fromages qui ne sont pas reconnus par Bruxelles ?
Oui c'est ça. Mais pour échapper à cette pasteurisation de la vie, un ancien banquier Sébastien Wittevert a lancé depuis trois ans, un site d'échange de graines. Cela s'appelle Graines de troc et c'est le journal Wedemain qui relate comment des milliers de personnes s'envoient par la poste des graines de chia, de roses trémières, de basilic,des petits pois carrés
Comme ces jardiniers sont hors commerce, ils sont comme sous le radar. Et retrouvent ainsi un peu de liberté de produire les graines d'antan, de les partager,sans passer par les fourches caudines d'une réglementation pointilleuse. D'un principe de précaution devenu kafkaïen.
Cela devrait leur éviter le sort de l'association KOKOpelli condamnée l'an passé pour commercialiser des graines non homologuées
Le salut viendrait du troc ?
Disons que cette solution s'avère plus simple que le processus d'homologation de nouvelles espèces ouverts par le GNIS , le groupement national interprofessionnel des semences, un organisme public qui peut reconnaître des plantes nouvelles mais cela coûte 500 euros et réclame pas mal de paperasse. Les responsables disent ainsi lutter contre les mauvaises herbes et travailler pour l'amélioration des plantes. Mais au passage, des tas d'épices et fleurs se voient condamnés à disparaitre. Sauf dans les petits jardins. Les potagers, lopins de terre, carrés de fleurs tenus par des particuliers sont devenus la réserve de bio diversité du pays.
Aujourd'hui Quelque 5.000 personnes selon le site auraient échangé 3.000 espèces de plantes, dans une forme de "désobéissance civile" selon le responsable de graines de troc.
Alors monsieur Rebsamen, que pensez-vous du développement du troc pour échapper aux réglementations trop pesantes ?
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