Cet article date de plus de dix ans.

Anne Frank pour Toujours

Normalement Le Journal d'Anne Frank devrait bientôt tomber dans le domaine public, soixante dix ans après la mort de l'auteur. Mais la situation est plus complexe. Le père d'Anne Frank, Otto pourrait être considéré comme coauteur du livre. Il est décédé en 1980 ce qui repousserait à 2051 l'échéance. La Fondation Anne Frank qui veille à l'intégrité du texte plaide en faveur de cette extension.
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Direction Amsterdam. Très exactement dans le centre, au 263-267 Prinsengracht. Si cette adresse ne vous dit c’est que vous n’êtes jamais allé visiter la maison où Anne Frank , la petite fille juive vécut cachée pour échapper aux nazis ; ou que vous n’avez pas lu "Le Journal d’Anne Frank", le texte qu’elle a rédigé pendant ses années de peur et qui a évidemment marqué des millions de lecteurs. Et c’est justement le sort de ce livre qui nous intéresse ce matin.

Bientôt tomber dans le domaine public

Plusieurs médias dont le Soir belge évoquent la prochaine arrivée de ce livre publié en 1947, dans le domaine public. Prochaine, c’est à dire dans 13 mois très exactement. C’est la règle en matière d'édition en Europe, les droits d'exploitation exclusifs d'une œuvre expirent l'année qui suit les 70 ans du décès de son auteur.

Et en quoi est-ce problématique ?

En fait  "Le journal d'Anne Frank" a deux auteurs. Anne Frank, bien sûr, morte fin février/début mars 1945 à 15 ans, à Bergen-Belsen, mais aussi son père, Otto, qui s'était chargé de la publication et de l’édition du livre. Et Otto Frank, lui, est mort en 1980. C’est pourquoi la Fondation Anne Frank qui gère les droits du livre, estime qu'Otto Frank est co-auteur.

Donc si on suit la fondation Anne Frank les droits pourraient donc être prolongés jusqu'en 2051. Ce n’est pas qu’une bataille juridique, qu’une affaire de droits, c’est bien plus complexe. La Fondation Anne Frank a de bonnes raisons d’essayer de protéger le texte tel qu’il a été édité par le père d’Anne Frank. Il y a derrière ces précautions le désir d’empêcher les négationnistes et les révisionnistes de s’en emparer et de le triturer dans tous les sens, voire d’insulter la mémoire d’Anne Frank.

Sachant comme le rappelle le site l’Actualitté que Otto Frank avait coupé environ 30% du texte ; des passages écrits par Anne qu’il avait trouvé trop intimes, trop personnels. On comprend donc que la Fondation veuille protéger l'intégrité de l’œuvre et retarder son entrée dans la jungle du domaine public.

Alors le mieux pour finir c’est d’en lire un extrait :

"C’est une sensation très étrange, pour quelqu’un dans mon genre, d’écrire un journal. Non seulement je n’ai jamais écrit, mais il me semble que plus tard, ni moi ni personne ne s’intéressera aux confidences d’une écolière de treize ans. Mais à vrai dire, cela n’a pas d’importance, j’ai envie d’écrire et bien plus encore de dire vraiment ce que j’ai sur le coeur une bonne fois pour toutes à propos d’un tas de choses. Le papier a plus de patience que les gens… »

Ne pensez-vous pas madame Jouanno qu’en ces temps troublés ce message lointain d’Anne Frank devrait tous nous faire réfléchir ?

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.