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Si j'étais... Mehdi Meklat

Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de Mehdi Meklat, écrivain et chroniqueur, dont les tweets sous le pseudo Marcelin Deschamps déclenchent la polémique.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Mehdi Meklat dans l'émission "La Grande Librairie", sur France 5, le 16 février 2017. (FRANCE 5)

Si j’étais Mehdi Meklat, j’aurais réussi à devenir aussi célèbre que Mohammed Merah, mais sans tuer personne. Même pas moi.

Je voulais devenir célèbre et vite, comme lui : c’était le but. Mais pas jusqu’à en mourir, quoi. Pendant des années, alors que j’étais présenté comme l’exemple du jeune blogueur talentueux issu des cités, discrètement, sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps, j’ai inondé Twitter de formules homophobes, antisémites, misogynes et pro-Daech. "Faites entrer Hitler pour tuer les Juifs", "Je crache des glaires sur la sale gueule de Charb et tous ceux de Charlie Hebdo", "Vive les pédés, vive le sida avec Hollande".

Parallèlement, donc, je frayais avec ceux que mon double maudit Marcelin Deschamps vomissait dans ses tweets et tout ceux qui mettent un point d’honneur à les défendre: Le Monde, France Inter, Arte, le Bondy Blog, Télérama. Ils me faisaient vivre, faut dire, et grâce à eux on me voyait, on m’entendait, bref : j’existais. Certains de mes employeurs savaient même que j’avais cette double casquette. Ils s’en amusaient, imaginant sans doute qu’il s’agissait de troisième degré. Alors que pas exactement. La réalité c’est que je trouvais ça marrant de balancer des horreurs, de dire exactement le contraire de ce que j’incarnais. Et puis faut être honnête, là d’où je viens, c’est quand même un peu le bruit de fond.

Je vous présente mes #excuses

Si j’étais Mehdi Meklat, j’aurais donc été longtemps une sorte d’agent double, professant tout et son contraire, ce qui aujourd’hui met visiblement tous mes ex-employeurs dans un embarras extrême, vu le nombre d’empoignades à la mord-moi-le-nœud que je lis sur moi depuis quatre jours. J’ai été rattrapé par mon passé, comme on dit, mais bon, ce n’est pas vraiment le mien. C’est pas moi, c’est mon double ! Et ce n’est qu’un passé de mots et comme chacun sait les paroles s’envolent les écrits... bon, sur Twitter c’est vrai que c'est écrit, mais comme j’ai effacé 50 000 tweets le week-end dernier...

Quoiqu’il en soit, le mal étant fait, j’ai été obligé de m’excuser sur ma page Facebook. J’ai été inspiré : j’ai expliqué que "Les œuvres de Marcel Duchamp m’avaient inspiré une certaine idée de la beauté". Je sais, comme excuse c’est de la pure couille, mais fallait bien dire quelque chose. Sinon, comment je vais continuer à bouffer, moi, maintenant ?  Donc, va pour la démarche artistique d’hommage aux surréalistes.

Mehdi vs Marcelin

En fait, si j’étais Mehdi Meklat  je serais surtout un énorme petit con qui, ayant vite pigé le système médiatique, s’est bien amusé, sans trop se prendre la tête. Je suis loin d’être con, j’ai vite compris les enjeux, à défaut de les mesurer, et j’ai su trouver ma place. Employé appointé du super-politiquement correct et le défonçant joyeusement dans mes tweets. Le rêve, quoi !

La réalité, c’est que tout ça, je m’en branle total. Je ne crois à rien du tout, je suis autruche ascendant girouette. J’aurais aussi bien pu faire le contraire. M’appeller Marcelin Deschamps, être rédacteur chez Alain Soral, nègre de Fdesouche et, la nuit venue, me compromettre en tweets monstrueusement politiquement correct, genre : "Vive la République et la laïcité !"; "Halte au racisme !"

Mais il se trouve que dans la fachosphère, c’est des loosers, ils ont pas une thune, et c’est pour ça que j’ai choisi d’être officiellement Mehdi plutôt que Marcelin ! Mais en réalité, mon vrai rêve, ça aurait été d’être Christophe Roquencourt. 

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