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Si j'étais... Manuel Valls

Manuel Valls est officiellement candidat à la présidence de la République. Karl Zéro s'imagine à sa place en cette période cruciale pour son avenir.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Karl Zéro dans la peau de Manuel Valls (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Si j’étais Manuel Valls, je serai un homme libre depuis hier 18h30. En direct de la mairie d’Evry, en Mondovision, j’ai pulvérisé les chaînes d’esclave qui m’empêchaient d’être moi-même. Je veux être l’égal de Clémenceau, de Mitterrand, un grand homme, un géant, le sauveur d’une gauche moribonde en France.

J’ai dit "Je veux", je l’ai répété au moins cinquante fois, comme un mantra, pour bien montrer à quel point je veux incarner le volontarisme. Je veux… être volontaire ! J’ai la volonté… de vouloir et de dire… "Je veux" !  A vrai dire, ça va me tenir lieu de programme. La volonté c’est beau, franchement, c’est grandiose, et plein d’un souffle républicain qu’on n’a plus l’habitude d’entendre depuis Victor Hugo.

Même à Alep, il parait que les combats ont cessé, le temps de mon discours. Il y aurait même eu deux cas de guérison miraculeuse à l’hospice de Lourdes, ou un pensionnaire avait éteint des Chiffres et des Lettres pour mettre mon discours…Juste après j’ai reçu des télégrammes : Poutine, Xi Ping et Erdogan saluent le retour de la France et me remercient de les avoir cité comme exemples vivants du monde pourri et dangereux dans lequel on vit. Trump me félicite aussi, mais pour le téléthon.

Moi aussi, je veux pouvoir faire n'importe quoi pendant cinq ans !

Si j’étais Manuel Valls, lundi, entouré de mes fans de toujours, de mes concitoyens d’Evry parmi lesquels on avait pris soin -à ma demande- de glisser quelques "whites" quelques "blancos", j’aurais donc fendu l’armure. "Rien n’est écrit" j’ai dit ! C’est vrai ! Qui pensait que Flamby allait calancher, ou que le Landru du Mans écrabouillerait Juppé et Sarko?

Moi j’ai tout fait, harcèlement moral, torture psychologique,  pour être candidat à la succession de François Hollande, sans réserve d’inventaire… Je connais trop bien la situation calamiteuse dont je vais hériter. J’ai quand même géré les conneries du gros pendant plus de deux ans… Je l’ai salué au passage d’ailleurs, avec affection, émotion même, cet homme d’Etat que je ne supportais plus mais "dont la décision de faire passer l’intérêt général au dessus de tout nous oblige"

Nous oblige à quoi ? Ça, je ne l’ai pas dit. Ça voulait dire nous oblige… à voter pour moi. C’est vrai, quoi ! Il n'y a pas de raison ! Moi aussi, je veux pouvoir faire n’importe quoi pendant cinq ans. Je veux être le patron, dormir à l’Elysée, faire du scooter, rencontrer des actrices, et capituler en rase campagne au bout de quatre ans et demi. Pourquoi ce serait toujours les mêmes qui s’éclateraient pendant que moi je trimerais dans la soute ?

Si j’étais Manuel Valls, j’aurais aussi parlé des gauches irréconciliables. Dans une bienveillante pirouette, je les aurais réconciliées ! J’aurais dit "divisions, débats, incompréhension, controverses, c’est dans l’ADN de notre famille, la grande famille de la gauche !" Des casse-couilles, donc, avec tous le melon, des pauv’ mythos qui se la racontent et se tirent la bourre.

C’est pour cela que ma mission est de les rassembler. Parce que je ne suis pas comme eux, entendez "de gauche". Je le suis dans les discours, jamais dans les actes. Faut pas déconner non plus. Là, on est entre nous, je m’adresse aux gens censés… Pour les belles envolées, c’était hier, vous repasserez. 

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