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Si j'étais... l'agresseur de Nathalie Kosciusko-Morizet

Au lendemain de l'agression de NKM, candidate aux législatives, sur un marché parisien, Karl Zéro s'est glissé dans la peau de son agresseur. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Nathalie Kosciusko-Morizet face à son agresseur, jeudi 15 juin, sur un marché du 5ème arrondissement à Paris.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Si j’étais l’odieux personnage, massif, dégarni et en chemise à carreaux, qui a fait la une des média jeudi après avoir agressé Nathalie Kosciusko-Morizet dans le 5e arrondissement de Paris, j’aurais pris la fuite en métro, et bon sang de bois…vous ne seriez pas prêt de me retrouver !

Car figurez-vous que je n’en suis pas à mon coup d’essai. Mais curieusement, je ne me fais jamais arrêter. Peut-être ai-je le don d’ubiquité, peut-être suis-je un passe-muraille ? Je suis volatile, je suis un peu partout, je suis dans l’air, je suis l’Arsène Lupin de l’agression politique. 

Appelez ça comme vous voulez. J’incarne l’époque, terriblement, comme tous ceux qui après ont hypocritement diffusé l’image de NKM par terre, victime d’un malaise, après mon agression. L’info passe avant tout, et le manque de classe avec. L’ époque est sans foi ni loi, le rejet global de la classe politique, par la violence s’il le faut, est désormais partout. Il y a eu la fuite vers les extrêmes, mais ils ne mènent nulle part, sinon à ce recentrage massif - de guerre lasse - autour de notre nouveau Président Jupitérien. C’est pour cela que je suis violent, par dépit. Et puis j’aime passer à la téle.

Si j’étais l’homme qui a agressé NKM, j’aurais aussi été celui qui le 28 mai dernier a jeté un verre d'eau sur l'ex-ministre du Travail, Myriam El Khomri, à Paris. Jeudi, j’ai traité NKM de "bobo de merde" mais ça ne m’empêche pas de penser en même temps qu’El Khomri est une traître à sa classe. Je suis apolitique, je n’ai pas de pensée précise, directrice, mes actes ne sont guidés que par la haine que j’éprouve face à ceux nous gouvernent.

D'autres agressions de politiques 

Le 6 avril 2017, j’ai refait la une: c’est à notre ex-Premier ministre, François Fillon, encore candidat Les Républicains à l'élection présidentielle que j’ai lancé de la farine, alors qu'il traversait la foule pour prononcer un discours à Strasbourg. J’étais en colère contre lui, rapport à tout le pognon qu’il a refilé à sa femme, mais là je me demande si je me suis pas fait un peu fait enfler par les médias.

Le 29 mars 2017 j’ai molesté deux élus Les Républicains dans un café de Rennes, en les traitant de fachos après les avoir arrosé d'urine et de soupe de poisson… Je suis incapable de vous dire pourquoi. Le 1er mars 2017, ce fut mon coup de maître, j’ai eu tous les 20h: j’ai balancé un oeuf sur la tête à Macron, qui faisait le beau au salon de l'Agriculture. Beau joueur, il a estimé que cela faisait "partie du folklore", et il est allé se changer. Je le savais. J’aurais pas du lui lancer un oeuf. 

Le 18 janvier 2017, j’ai tenté de gifler Manuel Valls, alors qu’il serrait des mains à Lamballe. Un triomphe: BFM, CNews, LCI en Breaking News. Le 12 mars 2015 : j’ai mis une gifle et un coup de tête à un élu PS, Pascal Terrasse, à Saint-Montan, en Ardèche.

Le 24 février 2012, j’ai entarté Jean-Pierre Raffarin à Lyon, alors qu'il s'apprêtait à dédicacer son nouveau livre, Je marcherai toujours à l’affectif. Bon, il cherchait, franchement, avec un titre pareil. Le 2 février 2012, une femme a jeté de la farine au visage d’ Hollande, candidat socialiste à l'élection présidentielle, à Paris. Elle a été placée en psychiatrie. C’était ma femme. On ne s’arrêtera plus jamais, car nous sommes légion, comme les Anonymous, et que nous n’oublions pas non plus. et que les médias nous adorent. Grâce à nous ils font de l’audience. 

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