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Si j'étais... François Bayrou

François Bayrou a annoncé qu'il se ralliait à Alain Juppé. Un ralliement qui fait beaucoup de bruit pour la primaire de la droite et du centre. Karl Zéro se met dans la peau du président du MoDem.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Bayrou, président du MoDem aux "Universités de rentrées" à Guidel, le 25 septembre 2016. (LOIC VENANCE / AFP)

Si j’étais François Bayrou, vous pensez bien que j’aurais regardé le débat des primaires hier, deux fois plutôt qu’une, même. Surtout depuis que je suis redevenu l’épicentre la vie politique française, grâce à Sarkozy : plus personne ne parlait de moi, je végétais à Pau, certains jours je me pinçais pour vérifier si j’étais pas mort et grâce à lui je suis de retour, avec mon corps glorieux et mon physique de Richard Gere ! Pour ceux qui l’ont loupé, le débat, c’était hier soir sur la TNT. Moi je voulais absolument le suivre sur i-Télé, pour soutenir les grévistes bien sûr, mais aussi et surtout pour rigoler un peu. On m’avait dit que sur i-Télé le débat serait animé par Morandini. J’attendais ses questions sur l’éducation mais hélas, non, alors je me suis rabattu sur BFMTV. Pour être un peu au calme, j’avais demandé à Babette, mon épouse; d’emmener nos six enfants au cinéma de Pau, le Rex, qui passait  La vie de Bernadette Soubirous  de Jean Delannoy. Bon, l’ainée a 43 ans, mais globalement ils ont tous adoré.

Les marabouts sollicités

Si j’étais François Bayrou, la vérité c’est qu’hier à la maison je ne voulais pas effrayer Babette et les enfants parce qu’il faut que je vous confesse quelque chose : j’avais demandé au professeur King Bongo d’être à mes côtés. Le professeur King Bongo, qui est devenu un ami, est un universitaire diplômé de Kigali, marabout de formation extra-lucide, grand spécialiste de l’envoûtement à distance. Il fait aussi  "retours d’affections, mauvais sorts, permis de conduire et hémorroïdes", mais pour ce qui me concerne, il s’occupe d’Alain Juppé !

Cet été lorsque j’ai passé un accord avec ce dernier, le professeur était avec moi, enfin dans la pièce d’à côté. Il n’a pas lésiné, on avait mis les moyens : il a égorgé douze poulets, bu leur sang, brûlé des herbes sacrées, s’est roulé nu sur des photos de Sarkozy et a terminé par des des incantations en dialecte kinyar-wanda. Résultat: si Juppé l’emporte, j’aurais 150 députés MoDem plus moi à Matignon. En échange de quoi ? De mon appui, et de celui de l’ensemble des forces vives de notre parti : Marielle de Sarnez, mon cousin Hubert, moi, les enfants, Babette et des voisins. Ah il est fort, le professeur !

En 2012, François Bayrou vote François Hollande

C’est vous dire si sa présence à mes côtés hier soir était fondamentale: je subodorais que Sarkozy allait encore vociférer à mon encontre. Je sentais qu’il allait agiter le spectre de ma mollesse légendaire, rappeler mon ignoble trahison hollandaise de 2012, fustiger le flou brumeux que j’incarne avec brio. Il fallait impérativement que dans ce cas, le professeur réagisse à chaud, souffle à distance les bons mots à Juppé, ceux qui cloueraient le bec de Sarkozy, les mots qui tuent ! Parce que Juppé, rayon répartie c’est un diesel, le temps que ça lui monte au cerveau le débat est fini.

Ca n’a pas loupé. C’est même pas Sarko qui a commencé, ce sont tous les autres qui lui ont dit : "Nicolas, arrête de parler de Bayrou !". Alors, évidemment, il a parlé de moi ! Des paroles vipérines, qui ont aussitôt mis en branle le professeur ! Il a égorgé, incanté, bu, s’est roulé nu, tout ça très vite et Juppé a dit à Sarkozy :  "annoncer la couleur avant l’élection c’est plus loyal que de faire rentrer des ministres socialistes une fois élu !" Pulvérisé le Sarko ! Merci Professeur ! De toute façons, au pire, si Sarkozy remporte la primaire, je me présenterai contre lui à la présidentielle. Le professeur est formel : 60 poulets et 12 000€ sur son compte au Luxembourg, et je suis élu.

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