Si j'étais... Emmanuel Macron
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau d'Emmanuel Macron, investi président de la République dimanche.
Si j’étais Emmanuel Macron, je serais depuis dimanche 14 mai un président "jupitérien". Qu’est ce que ça veut dire ? Que j’ai le melon ? Mais non ! Cela veut dire que malgré la charge écrasante qui m’attend, je suis serein, déterminé, fort. J’ai un buste d’airain, et des cuisses d’acier, un menton volontaire et l’œil bleu horizon… J’incarne la France éternelle, celle de qui, de Vercingétorix à de Gaulle en passant par Jacques Delors a toujours su dire non !
Je suis le maître des horloges, je suis à la barre du navire France, je suis votre pilote, au-dessus de la mêlée, au-dessus des nuages, je vois loin, je suis prêt à affronter toutes les tempêtes dans mon command-car militaire. Et quand je me présente devant le peuple en liesse, même la pluie, ininterrompue depuis cinq ans, cesse !
Le temps au temps et les ennuis aux autres
Tout cela, si j’étais Emmanuel Macron, ce ne serait pas moi qui le dirais, oh non ! car je suis humble, concentré sur ma mission… Non, ce sont les commentateurs radio et télé unanimes, qui tout au long de la journée d’hier ont compris et relayé le message : avec moi, plus jeune président de l’histoire de France, la Ve République est de retour… Entre ici, la Ve, avec ton cortège de pouvoirs régaliens ! Oui, je resacralise la fonction, oui, je serai le monarque républicain, le président royal que vous espériez, loin des errances people d’un Sarkozy en Ray-Ban ou des petites virées à scooter d’un Hollande casqué à la cravate de travers.
Là où Mitterrand et Chirac mirent plus de vingt ans à fouler ce tapis élyséen au son des trompettes de la Garde républicaine, je n’ai mis qu’un un an. C’est un signe des temps : à l’heure du numérique, tout s’accélère. Mais autant j’ai été un candidat rapide, précis et pressé, autant je serai désormais un président lent qui vivra au rythme des saisons, avec le recul nécessaire à la fonction. Je laisserai le temps au temps, et les ennuis aux autres…
Au Premier ministre les tracas
Si j’étais Emmanuel Macron, je serais réservé et sobre. Je ne parlerais pas au premier journaliste venu. Ni à personne, d’ailleurs. Pas de visiteurs du soir. Nous dînerons simplement avec Brigitte d’une bonne soupe vegan et au lit. Pour m’approcher, il faudra faire comme du temps de Pompidou ou de Giscard: prendre rendez-vous, et… on vous écrira ! Vous serez reçu dans les six mois suivants par un huissier, auquel vous confierez votre question et… on vous répondra !
Pour les problèmes du quotidien – ces petits tracas qui ne m’atteindront plus désormais, mais continueront sans doute de vous tarauder, car le simple bonheur de me voir faire revivre la France ne suffira sans doute pas à les éliminer tous – j’entend nommer, dès aujourd’hui, un Premier ministre. C’est cela, l’esprit de la Ve ! Au début, il y a un an, je l’ignorais, alors que je me préparais à ce rôle de président, mais mes coachs m’ont tout expliqué : la Ve, Manu, c’est le président préside et le Premier ministre galère.
Bref,son nom, et son aura vont rassurer l’électorat de droite, pour constituer à l’Assemblée une majorité présidentielle cohérente, afin que je puisse mettre en œuvre l’extraordinaire renaissance que je vous propose, car je n’ai pas vocation à être une potiche.
Si d’aventure, ce dernier ne faisait pas la blague, et que faute de cette majorité qui logiquement m’est due, nous retombions dans une cohabitation moyen-âgeuse, j’en serai navré, mais je me dirais que c’est pas hyper-grave non plus. Pensez : d’une maison de famille un peu humide et désuète au Touquet, je suis passé à un Palais dans le 8e, en un an, c’est déjà un beau jump !
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