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Si j'étais... Emmanuel Macron

Emmanuel Macron pourrait se qualifier pour le second tour, à en croire un sondage. Karl Zéro s'est imaginé dans la peau du fondateur du mouvement "En Marche !".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron, fondateur du mouvement "En Marche !" lors d'un meeting en Guadeloupe, le 16 décembre 2016. (HELENE VALENZUELA / AFP)

Si j’étais Emmanuel Macron, je toucherais du bois. Le bois de la vraie croix, cela va sans dire. Jusqu’ici tout va bien, mais comme chacun sait, l’important c’est pas la mise en orbite, c’est l’alunissage. Avec 24% d'intentions de vote, un sondage me situe juste derrière François Fillon (26%) amis surtout devant Marine Le Pen (22%). Et tout ça sans la moindre trace de programme, c’est cocasse, reconnaissez que c’est de la belle ouvrage.

Quand je les regarde s’étriller en ahanant en vue de leur pauvre primaire qui n’intéresse personne, les Valls, les Montebourg, les Hamon, les Peillon, ils me font un peu de peine. Je les aime bien, remarquez, et une fois élu, j’en rappellerai certains.

Pas Valls, il est trop cassant. Ni Montebourg, un demi-fou. Ni Peillon, trop lisse. Ni Hamon, trop à gauche ? Il leur manque un truc. Appelez ça le charisme, la séduction, la classe, appelez ça le talent... C’est un don : on l’a ou ou ne l’a pas. Ça restera toujours des second couteaux, tandis que moi, je suis une fine lame, flamboyante, celle du spadassin florentin, ornée d’arabesques, pas un rustique Opinel, pas un de ces Laguiole made in China !

Nous sommes à la Providence, nous incarnons la liberté

Si j’étais Emmanuel Macron, je vous dirais que mon programme, au fond, c’est ma vie privée. Tout commence avec ma rencontre, fulgurante, un coup de foudre, solaire, fugace, fou, avec mon épouse Brigitte. J’ai 16 ans, elle en a 40.

Qu’à cela ne tienne, je suis ce jeune farfadet à l’abondante chevelure qui récite du Musset, du Rimbaud, elle est ma prof de théâtre, et nous sommes à la Providence, institution jésuite d’Amiens où, croyez-moi, ça ne plaisante pas souvent. Mais nous incarnons la liberté. Mes parents téléphonent aux jésuites pour protester contre cette relation à leurs yeux quasi-incestueuse. Elle est mariée avec trois enfants, je pourrais être son quatrième ! Mais notre amour défie l’entendement.

L'essentiel est que l'on parle de moi, de nous

Nous cassons les codes. C’est pour cela que j’ai appelé mon livre Révolution – ce qui pour un ancien de la Rothschild est amusant – c’est pour ça que je vais gagner cette présidentielle. Mon programme, ce sont nos couvertures de Match, VSD, Closer, Gala qui l’incarnent le mieux. Nous sommes à Biarritz, nous sommes au Touquet, nous marchons sur la plage, nous faisons du shopping, les gens adorent ça. Nous avons une vie et comme ils n’en ont pas, ils rêvent la leur au travers de la nôtre. Pourquoi les gaver avec des chiffres, des promesses ?

Si j’étais Emmanuel Macron, c’est au débat de l’entre deux-tours que je plierais Fillon. D’abord, point de vue physique, avouez qu’il peut difficilement rivaliser avec moi, le pilote de formule 3 000 en retraite, le Nosferatu de la Sarthe ! Il est assez bon, mais triste, un peu gauche, trop effacé. Moi; avec Brigitte ça fait trente ans que je prend des cours de théâtre.

Je lui ferais ma célèbre position du Christ en croix, en hurlant, celle que j’ai inventé pour conclure mon meeting porte de Versailles, et comme il est catho, il s’agenouillera, il tombera littéralement à genoux, reconnaissant son maître !  "Jésus c’est toi ! Enfin tu es revenu ? Oui, Farid, c’est bien moi, et je te pardonne tes péchés !"

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