Si j'étais... Edouard Balladur
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau d'Edouard Balladur, ancien Premier ministre, mis en examen dans le cadre de l'affaire Karachi.
Si j’étais Edouard Balladur, pensez que j’aurais attendu l’âge vénérable de 88 ans pour me voir mis en examen ! Quelle bassesse ! Quand j’ai découvert ça, mardi soir aux actualités parlantes télévisées de 8 heures du soir, j’en suis resté comme deux ronds de flan ! J’ai dit à Marie-Josèphe, mon épouse, qui était encore sens dessous dessous avec son Johnny : "Majo, arrête ton Walkman !" La pauvre n’a plus tout son bon sens, elle écoute Johnny Hallyday en boucle toute la journée… Bref elle retire son casque, je lui dis : "Je suis inculpé, Majo… Fais les valises, on part se réfugier en Normandie !"
Une honte, à mon avis, que de s’en prendre ainsi à l’apôtre du redressement national, à un pair de la République française, doublé d’un retraité de la vie politique ! Mais sans doute pas suffisamment retiré de la vie politique à leur goût ! Car ma voix porte ! Elle peut encore en faire trembler bon nombre ! Un coup de fil, et je fais supprimer l’allocation sénilité-hagardise de Chirac, moi ! Derrière ce coup bas qui vient d’en haut, je vois la main vengeresse de ce tout petit, petit monsieur Micron !
Je vous demande de les arrêter
Si j’étais Edouard Balladur, je vous confierais qu’à l’évidence il s’agit d’une vengeance, suite à mon papier dans le Figaro, la semaine dernière, que tout le monde s’est empressé de lire. Car ma voix porte ! Ah non ! ça je l’ai déjà dit. Vous l’avez lu, au moins ? Je disais: "Contrairement à ce qu'on raconte, la distinction entre la droite et la gauche existe, et si la droite l'emporte, je suis favorable à une cohabitation". Ça ne leur a pas plu, à ces pantins d’En marche ! Ils se sont dit, aïe ! Balladur est de retour, sa déclaration va (à l’évidence) regonfler à bloc le moral vacillant des troupes républicaines ! Il faut impérativement le faire taire ! Mais c’est mal me connaître ! Je ne suis pas turc et goitreux pour rien, j’en ai maté d’autres, et des plus coriaces !
Résultat, si j’étais Edouard Balladur, je serais mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux et recel dans le volet ministériel de l’affaire Karachi… Des petits juges, affiliés à la gauche la plus radicale, la plus robespierriste, me soupçonnent d'avoir financé ma triomphale campagne présidentielle de 1995 grâce à des rétro-commissions, obtenues en marge de la signature d'un contrat d'armement avec le Pakistan en 1994… Mais comment vouliez-vous qu’on fasse autrement ? On n’allait pas faire la quête à la messe, dans toutes les paroisses de France ! Alors j’ai décroché mon téléphone, et j’ai dit : "Opératrice ! Passez moi le 22 à Asnières" – c’est mon avocat. Et quand je l’ai eu en ligne, je lui ai dit : 'Maître, je vous demande de les arrêter ! Je vous demande de les arrêter !"
Il m’a dit : "Bien, monsieur le Président du Conseil, je vais immédiatement contester cette mise en examen devant la Cour de cassation. Après tout, vos comptes de campagne ont été dûment validés par Roland Dumas et le Conseil constitutionnel, en octobre 1995, et si j’ai bonne mémoire, cela vous a coûté assez cher comme ça." Je lui ai dit : "Taisez vous ! Je vous demande de vous arrêter ! Nous sommes certainement sur écoute !"
Voilà l’envers du décor de cette lamentable affaire qui va faire les choux gras de la presse pour faire oublier les agissements scabreux des Richard Ferrand et autres Marielle de Sarnez… La France est tombée bien bas.
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