Regard sur l'info. La police sous l’œil des caméras
Chaque semaine, Thomas Snégaroff reçoit l'auteur d'un livre qui interroge l'actualité.
Aujourd'hui, entretien avec l'auteur Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS qui vient de publier avec Olivier Fillieule, "Politiques du désordre, la police des manifestations en France".
Fabien Jobard, politologue, directeur de recherches au CNRS (Cesdip) et directeur du Groupement européen de recherches sur les normativités (GERN), auteur avec Olivier Fillieule de Politiques du désordre, La police des manifestations en France, publié aux éditions du Seuil, est l’invité de Regard sur l’info.
La caméra-piéton sur les uniformes de la police, défendue par Emmanuel Macron dans son entretien au média Brut, est considérée par beaucoup comme la solution. Fabien Jobard est dubitatif. Il note que depuis l’arrivée des caméscopes dans les années 1990, l’idée que l’action de la police sera pacifiée par les images a été démentie par la crise des "Gilets jaunes", où l’on a vu des milliers d’images de violences, y compris de la part de la police.
C’est une vraie énigme que cet écart entre ce qu’on pouvait attendre de la publicité de l’action de la police, et ce qu’on a effectivement constaté ces dernières années en France.
Fabien Jobard, politologue
Le regard sur l’action des policiers est cependant rendu difficile par la disparition du matricule, le collet de la IIIe République, que Fabien Jobard ne peut dater. Selon lui, les regards des experts se tournent sur 1985 et la loi de modernisation de la police.
En France, contrairement aux pays voisins, "les policiers multiplient les manœuvres de dissimulation. L’intervention de policiers en civil pendant les manifestations est une exception rarissime en Allemagne…"
Fabien Jobard note qu’en France, il y a une police force de sécurité publique, qui cherche la visibilité et une tradition de police politique qui cherche à se cacher.
On a toujours ces deux missions de la police. Faire en sorte que les gens coexistent dans un espace dans lequel ils sont inconnus les uns aux autres, et protéger les institutions publiques, l’État qui peut se méfier de la société.
Fabien Jobard
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