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Regard sur l'info. Entre technique, pouvoir et démocratie, histoires et avenirs des médias

Jacques Attali est l'invité de "Regard sur l'info". Il vient de publier chez Fayard "Histoires des médias, Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et après". 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Jacques Attali vient de publier cet ouvrage somme sur une histoire de l'information et de ceux qui la font des origines à nos jours, et jusqu'aux enjeux de demain. (EDITIONS FAYARD)

Histoire des médias, des signaux de fumée aux réseaux sociaux et après, de Jacques Attali est publié chez Fayard. 

franceinfo : Que pensez-vous de la décision de Twitter et de Facebook de censurer Donald Trump ?

Jacques Attali : C'était un révélateur d'une situation de crise que de voir une entreprise privée, priver le président des États-Unis de la parole. Il fallait censurer Donald Trump mais il aurait fallu avant que les réseaux sociaux acceptassent d'être considérés comme des services publics ou au moins obéissent à des règles. C'est un des enjeux de demain. 

Trump est indissociable des mensonges, des Fake News et l'un des enjeux de votre livre est de montrer qu'ils sont consubstantiels de l'histoire des médias 

Oui, depuis 5 à 6000 ans il y en a ! Évidemment quand les médias ne touchent plus 500 lecteurs mais 500 millions de personnes , ça a beaucoup plus d'ampleur...

Et là, on est cœur d'une notion fondamentale de votre livre, le pouvoir. Le pouvoir de celui qui détient et diffuse l'information à des fins qui sont les siennes...

Avoir l'information, la diffuser, c'est l'essentiel du pouvoir. D'où le fait que quand l'information se dissémine, quand elle n'est plus uniquement le fait du prince, des généraux, du pape, des moines... Quand les marchands décident de vendre l'information, ils ouvrent une boite de Pandore. L'information n'appartient plus seulement en secret à ceux qui en ont besoin, elle devient un outil qui touche de plus en plus de gens qui ont envie d'avoir de l'information et donc demandent la liberté d'être informés. S'est installée la démocratie comme une conséquence de la liberté de la presse, et non l'inverse.

J'ai retrouvé le grand lecteur de Marx dans votre livre et aussi votre désir de faire aussi de l'histoire des médias une histoire des techniques...

Marx est pour le moi l'un des plus grands penseurs de l'humanité. Le monde est en effet d'abord dicté par les technologies. La roue, le cheval, l'écriture, l'imprimerie, le téléphone, la radio, la télévision, la rotative ont été déterminants. Et puis, à partir des années 1980, Internet et bientôt les réseaux sociaux. Et aujourd'hui, en sous-marins, des nouveaux outils encore plus puissants...

On a le sentiment que la technique qui hier libérait l'information, aujourd'hui enferme les citoyens...

Oui, les réseaux sociaux sont formidables mais quand ils ne sont pas régulés, et que le lecteur n'a plus les moyens de distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, alors c'est n'importe quoi. D'où l'importance extrême de l'éducation.

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