Jean Viard : "On est dans une immense révolution agraire et rurale"
Le sociologue et directeur de recherches au CNRS Jean Viard revient chaque semaine sur une grande question de société.
Dimanche 24 octobre, on parle de cette grande enquête lancée par Santé publique France et l'Agence du médicament. Elle cherche à savoir comment l'utilisation des produits phytosanitaires dans les vignobles affecte celles et ceux qui habitent tout près de là. On va donc tester dans la durée avec des prélèvements biologiques sur plus de trois Français. Cet impact va tester aussi les légumes que ces riverains cultivent dans leur potager.
franceinfo : y a-t-il une montée, un refus de l'agrochimie dans l'agriculture, y compris pour les ruraux ?
Jean Viard : Oui, je crois qu'il faut dire oui, c’est-à-dire qu'on est dans une immense révolution agraire et rurale. Il y a les deux. Il y a le fait qu'on a construit 16 millions de maisons avec jardin dans les campagnes. Alors forcément, il y a des problèmes de voisinage puisqu'on y a plein de gens qui habitent à côté des fermes. Et puis, de l'autre côté, on est dans une vraie révolution écologique pour le dire comme ça, mais qui est en train d'entraîner le monde rural. Et il l'entraîne.
Cette étude porte en particulier sur les zones viticoles et là, on se dit qu'on touche peut-être à un totem français, le vin.
Le fait de modifier les techniques de production augmente sans doute le temps de travail qu'il faut mettre à l'hectare. Parce qu'évidemment, l'intérêt de ces produits, c'est qu'il faut très peu de main d'œuvre pour tenir un hectare.
Mais cela ne remet pas en cause l'excellence du vin et la vérité. Le vin est beaucoup plus sensible au réchauffement climatique.
Cela pose aussi la question de la place du consommateur...
On est dans une société où l'alimentation est devenue absolument centrale. Nos sociétés modifient leur rapport à l'usage du corps et donc ils modifient la façon de se nourrir. Et en plus, on est dans un rapport de révolution écologique. Donc, on a un nouveau rapport à la nature. On a envie de savoir ce qu'on mange, de savoir d'où ça vient et on a envie que ça soit le plus simple possible.
Et je dirais que l'assiette doit rentrer dans le champ. Avant, on allait du champ à l'assiette. Maintenant, on doit aller de l'assiette au champ et même on doit aller du corps de celui qui mange effectivement au champ. Le mouvement doit s'inverser et c'est le consommateur qui doit prendre la main sur la production.
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