Deux calanques de Marseille interdites sans réservation : "Il faut y voir une chose positive !", selon le sociologue Jean Viard
Prisées des touristes mais fragilisées par leur surfréquentation, certaines calanques de Marseille ne seront désormais accessibles qu'aux vacanciers munis d'une réservation. Comment en est-on arrivé là ? Eléments de réponse avec le sociologue Jean Viard.
Il y a comme un avant goût des vacances d'été ce week end dans les calanques de Marseille. Non pas qu'elles soient noires de monde, c'est même plutôt le contraire en réalité, puisque demain, pour descendre dans deux de ses calanques, les calanques de Saint-Sugiton et des Pierres Tombées, il faudra avoir réservé à l'avance, comme ce sera le cas du 10 juillet au 21 août. Ce dimanche est une journée test : 400 personnes maximum par jour dans les calanques pour préserver l'environnement. Le sociologue Jean Viard met en perspective cette décision.
franceinfo : Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi est ce que de telles solutions s'impose aujourd'hui ?
Jean Viard : Marseille a 32 kilomètres de rivage et toutes les belles calanques entre Marseille et Cassis sont sur le territoire de Marseille, à l'intérieur d'un parc national qui est le seul parc national à l'intérieur d'une ville. Marseille devient une grande destination touristique et les calanques sont saturées. Et il faut que cela soit géré écologiquement, ne pas faire n'importe quoi. Quand il y a trop de monde, les touristes remontent les talus, s'assoient sur les plantes, abîment les petit arbres, alors qu'il s'agit d'un micro-milieu très fragile.
N'est-ce pas un peu dommage de devoir en arriver là ?
Il faut y voir une chose positive ! Cela passe par une réservation, numérique, et si ce n'est pas le cas, cela passera un jour par l'argent. Forcément, il s'agira alors de faire monter les prix d'entrée, faire payer une entrée dans une calanque, demander 25 euros, plein de gens n'iront plus, à l'heure où il s'agit de rendre accessible la nature à tous, etc. Or dans cette configuration, avec les réservations, l'intelligence artificielle permettra de savoir où seront les gens, et mieux réguler.
Vous y voyez là l'illustration d'un changement de paradigme ?
On perd bien sûr un peu de la poésie du lieu. Mais l'organisation du territoire touristique est une grande question et cela fait très longtemps qu'on y travaille. Les gens ont envie de voir la nature et de se promener. Mais avec le nombre de touristes qui affluent, il faut un minimum de planification. Je pense que le numérique est un outil majeur pour et facile pour remédier à ces questions. Je pense que c'est un mode de régulation qui peut permettre de protéger du tourisme et de protéger de la destruction écologique.
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