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Maternelle : des nouveaux programmes didactiques et ludiques

Va-t-on à la maternelle pour étudier ou pour s’épanouir ? Les deux, espère le Conseil supérieur des programmes. Il vient de rendre sa copie sur les nouveaux programmes de maternelle.
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Dans le Nord, à Herlies, des jeux expérimentaux ont été testés à partir de 2007. © Stephane Mortagne/PHOTOPQR/LA VOIX DU NORD)

Ils entreront en vigueur après concertation en 2015. Et font le grand écart entre deux approches. La première insiste sur le mot "d’école" . C’est celle des précédents programmes, ceux de 2008. Ils considéraient que la maternelle était un peu la classe prépa de l’élémentaire. Elle devait donc être essentiellement tournée vers des apprentissages nécessaires aux acquisitions prévues en cours préparatoire (CP) – en gros :  lire, écrire, compter. Cette liaison était matérialisée par le regroupement de la Grande section (GS) et du CP au sein du même cycle. On considérait que ces deux niveaux étaient intimement liés.

Les enfants vont continuer à s’y préparer, mais pas seulement. C’est la seconde approche, celle qui met l’accent sur le développement de l’enfant . La maternelle a retrouvé en quelque sorte son unité avec la loi Peillon ; elle est, de la petite section (PS) à la GS, un cycle en tant que tel. Pourquoi ? Car elle répond à un objectif identifié : "donner envie aux enfants d’aller à l’Ecole pour apprendre, grandir et s’affirmer comme sujet singulier ."

Pour cela, elle est définie comme une école "bienveillante". En résumé, c’est une philosophie qui vise à "ne pas exclure les connaissances au profit du développement de l'enfant, ne pas exclure le développement au profit des connaissances" , selon les termes d’Isabelle Racoffier, la présidente de l'Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques (Ageem), citée par Le Monde.

L'importance du jeu

Concrètement, l’importance du jeu chez les tout-petits est réaffirmée. "Le jeu favorise la richesse des expériences vécues des enfants dans l'ensemble des classes de l’école maternelle et alimente tous les domaines d’apprentissage. Il permet aux enfants d’exercer leur autonomie, d‘agir sur le réel, de construire des fictions, de développer leur imaginaire. Il leur permet également de communiquer avec les autres, de se construire au sein d’une communauté et d’y tisser des liens forts d’amitié. Il revêt diverses formes : jeux symboliques, jeux d’exploration, jeux de construction et de manipulation, jeux collectifs et jeux de société, jeux fabriqués et inventés, etc. " Viennent ensuite : l’apprentissage par la résolution de problèmes à leur portée, l’apprentissage par l’exercice et la répétition, et l’apprentissage de la mémorisation. On retrouve en fait des ingrédients existants mais agencés différemment.

L'apprentissage du vivre-ensemble

La maternelle est vue comme l’étape qui "pose les premiers jalons de la formation du citoyen qui se poursuivra tout au long de la scolarité ." " Apprendre ensemble pour vivre ensemble constitue un enjeu central de la formation des enfants ",  écrit le Conseil Supérieur des Programmes (CSP). Cela passe par l’attention à tous et le rapport insiste à plusieurs reprises sur l’importance de l’accueil des enfants en situation de handicap.

Les bases

A la fin de la maternelle, l’enfant doit : Écrire son prénom et son nom en écriture cursiveEssayer d’écrire tout seul un mot en utilisant des lettres ou groupes de lettres qui, en étant lues, reproduisent au moins partiellement la sonorité du motSavoir que l’écriture d’un mot est réussie lorsque le mot est complet, que les lettres sont dans l’ordre et reconnaissablesEt même copier un texte connu (une ou plusieurs phrases) à l’aide d’un clavier. En mathématiques il devra notamment : Comparer globalement des grandeurs, compter jusqu’à 30Résoudre des problèmes de comparaison, d’ajout, de retrait, de partage,Reconnaître et nommer quelques solides : cube, pyramide, sphère, cylindre

Critiques

Les précédents programmes, ceux de 2008, avaient été très critiqués par les enseignants. Ce sont surtout les critiques de l’Inspection Générale ont été écoutées. Un rapport de 2011 que le précédent gouvernement avait préféré ne pas publier, invitait effectivement à  inverser la logique, et partir du développement de l’enfant, et non des objectifs de l’élémentaire. Il s’inquiétait d’exigences excessives et s’interrogeait : « « Ne seraient-ce pas les enfants les plus défavorisés , les plus vulnérables, qui ont le plus à pâtir d’exigences prématurées ?  »  

Il insistait déjà sur la notion de plaisir : « « le plaisir d’être à l’école, c’est aussi le plaisir d’y réussir  » écrivaient les inspecteurs. On est en plein dans la philosophie adoptée par le CSP. Pour autant, d’autres études semblent montrer que l’insistance sur les fondamentaux dès le primaire aurait tendance à aider ces mêmes élèves défavorisés.

Grand écart

Tout ceci reste en partie théorique. Entre les programmes et le terrain il y a parfois un monde. La réussite de cette nouvelle réforme tiendra avant tout à la capacité du ministère à donner aux enseignants les repères qu’ils demandent, à les accompagner dans la mise en œuvre des programmes.  Première phase d’appropriation dès la rentrée avec la concertation sur ces programmes. De cette réussite dépend la réussite de la suite.

Pour en savoir plus : le projet de programmes pour la maternelle du Conseil supérieur des programmes

 

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