Le diplôme reste la meilleure arme anti-chômage
Rappel des chiffres : 24,1 %
des moins de 25 ans sont au chômage dans la zone euro, 26,1% en France – c'est
donc légèrement au-dessus. C'est surtout nettement au-dessus de l'Allemagne où
ce taux n'est que de 7.7% - trois fois moins.
Mais cette moyenne de 26.1% cache
d'importantes disparités...
Oui. Et cette donnée est
constante, crise ou pas crise : plus vous êtes diplômé, plus vous avez des
chances de trouver un emploi. Plus de la moitié des jeunes actifs de 19 à 34 ans
sans
diplôme sont au chômage (55 %), 27 % des bacheliers, et
"seulement" 15% des diplômés du supérieur. Et c'est une moyenne, le
taux tombe à moins de 10% pour les diplômes les plus élevés et les plus
recherchés de l'enseignement supérieur. A quoi s'ajoutent les inégalités entre
les territoires. Les jeunes s'en sortent plutôt bien dans la plupart des
grandes métropoles mais la ruralité paye le prix fort de la hausse du chômage.
**Avec en plus, on le sait, une
forte corrélation entre origine sociale et niveau d'études.
** Oui,
c'est vraiment la double peine. Mais il existe néanmoins des filières qui
permettent aux jeunes issus de milieux fragiles de réussir.
Les dispositifs destinés à
favoriser l'égalité se sont d'ailleurs multipliés ces dernières années...
Oui, mais ceux dont on parle le
plus ne sont pas les plus importants au niveau quantitatif. Ceux dont on parle,
ce sont en effet ceux qui permettent d'accéder aux grandes écoles : les
conventions Education prioritaire de Sciences Po, le programme " Une grande
école, pourquoi pas moi " de l'Essec, qui a été dupliqué par des dizaines
de grandes écoles, la classe préparatoire aux études supérieures du lycée Henri
IV. Mais là on ne parle à chaque fois que d'une dizaine d'élèves, au mieux une
centaine. En plus, les grandes écoles les plus recherchées demeurent très
fermées, et les lycéens qui profitent de ces dispositifs ne sont pas forcément
issus de l'éducation prioritaire. Pour Marc Douaire, président de l'Observatoire
des zones prioritaires,:
" Les politiques menées touchent plus
l'individuel que le collectif.
Il s'agit d'exfiltrer les élèves
méritants de milieu modeste de leur environnement scolaire pour les aider à
rejoindre l'élite scolaire et non d'améliorer les performances de tous ". Et
puis surtout, et c'est très français, on ne valorise que le modèle des grandes
écoles.
Alors que d'autres voies, moins
médiatiques, permettent de réussir.
Oui. C'est le cas des
baccalauréats professionnels, des BTS, des écoles des secteurs
santé-social-paramédical. C'est aussi le cas, à tous les niveaux des formations
en alternance. Vous avez aussi toutes ces classes préparatoires destinées aux bacheliers
technologiques, qui leur permettent d'entre dans des écoles de commerce ou
d'ingénieurs, il en existe même désormais pour les bacheliers professionnels. Et
puis on ne le dit pas assez l'université sait se montrer à la hauteur. 90 % des
diplômés d'un master en 2010 ont un emploi, 91 % pour les licences
professionnelles et 88 % pour les titulaires d'un diplôme universitaire de
technologie qui choisissent d'entrer sur le marché du travail
Ces filières méconnues qui mènent
à l'emploi sont-elles forcément publiques ?
La majorité l'est, mais il y a
des exceptions qui confirment la règle dans les secteurs un peu délaissés par
les formations publiques et où la croissance est forte. L'exemple typique est
l'informatique. Ce n'est pas un hasard si l'école 42 de Xavier Niel, école
privée mais gratuite, s'est lancée dans ce secteur. D'autres écoles comme l'Epitech
ont prouvé depuis longtemps leur efficacité. Il y a aussi des filières dont on
parle peu, dans le privé, destinées à des jeunes peu qualifiés, et qui
marchent, là encore par la voie de l'alternance le plus souvent.
Y a-t-il des secteurs où on
manque de diplômés, un problème d'adéquation de l'offre et de la demande.
Oui. Là aussi les situations sont
hétérogènes. Parfois ce sont des métiers qui ont du mal à attirer parce que les
salaires sont modestes et les conditions de travail difficiles. Mais il y a
aussi des secteurs qui ont changé mais conservent une mauvaise image. C'est
typiquement le cas de l'industrie. Dans beaucoup de régions on manque notamment
de diplômés à bac +2 ou bac + 3 parce que l'usine a gardé une mauvaise image.
Alors même que les conditions de travail, dans certains secteurs, n'ont plus
rien à voir avec l'image de l'usine à l'ancienne.
On est en pleine période
d'orientation... Les métiers de demain, on sait où ils sont ?
Oui et non. Dans le détail non –
l'horizon économique est trop fragile, la plupart des PME, qui forgent
l'essentiel du tissu économique, n'ont pas assez de visibilité. Idem dans le
commerce et l'artisanat. Dans les grandes masses on sait mieux. Même si l'Etat
recrute moins qu'avant il recrute toujours, donc la fonction publique. Tout ce
qui tourne autour du numérique & évidemment, soit les métiers spécifiques
comme ceux de l'informatique soit des métiers existants qui sont en train de se
réinventer. Il y a aussi la silver économie, tous les services aux personnes âgées.
Et puis ces métiers en tension, dans l'hôtellerie, dans l'industrie, qui ont du
mal à recruter. Donc l'emploi existe !
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