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Le bac entre bugs et polémiques

Ultime coup de collier aujourd’hui pour les candidats au bac avec les dernières épreuves écrites. Une session qui aura été jalonnée par une série de bugs et de polémiques.
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (© Maxppp)

Dernière polémique en date, c’était jeudi dernier avec l’épreuve de maths en bac S.

Jugée trop difficile par certains candidats. Un pétition a été mise en ligne et a recueilli des dizaines de milliers de signatures.

Et cette épreuve, était-elle réellement trop dure ?

Elle était formulée de manière inhabituelle. Pour le dire le plus simplement possible : au lieu d’avoir des énoncés qui invitent directement à réciter le cours, il fallait préalablement décoder le sujet – en français ou en philo on dirait construire une problématique. C’est apparemment cela qui a déstabilisé certains candidats. Les enseignants eux sont unanimes, les sujets collaient bel et bien au programme.

C’est une première ?

Non. Même polémique en 2003 avec un sujet de la géométrie spatiale. Laquelle venait d’entrer au programme. Elle était tombée dès la première année car l’Education nationale voulait s’assurer que les professeurs traiteraient attentivement ce nouveau chapitre.

Ils pouvaient être tentés de ne pas le faire ?

Il y a le programme théorique, celui qui est dans les textes, et le programme réel : celui que recouvrent les sujets susceptibles de tomber au bac. Dans toutes les matières on sait que certains chapitres tombent rarement et les professeurs sont tentés de passer dessus rapidement. La différence c’est qu’ à l’époque certains correcteurs avaient été jusqu’à demander l’annulation de l’épreuve.  

Qu’avait-on fait à l’époque ?

On avait modifié le barème – c’est-à-dire le nombre de points affectés à chaque exercice. A l’arrivée les résultats globaux n’en avaient pas souffert.

Et on en avait moins parlé…

Les élèves en avaient moins parlé car Facebook, et Twitter n’existaient pas ! C’étaient les parents qui étaient montés au front, ainsi que des enseignants.

On dit que le bac ne vaut plus rien et ne sert plus à rien. Cette polémique semble prouver le contraire.

Oui. L’an passé, le taux de réussite en S a été de 92%. En fait, l’enjeu factuel est fort pour deux catégories : ceux qui visent mention TB pour obtenir un des quelques avantages attachés à l’obtention de cette mention, et ceux qui ne sont pas sûr d’accrocher le bac, ceux pour lesquels ça se joue  à quelques points, et ça va vite vu le coefficient es maths en S. Pour tous les autres l’enjeu  est avant tout symbolique et l’émotion suscitée par ce sujet prouve en effet que cette dimension pèse lourd.

Voilà pour la polémique, amplifiée par internet. Internet que l’on retrouve dans les bugs qui scandent le bac chaque année.

Oui. Ça a commencé dès le premier jour des écrits. Une enseignante chargée de surveiller l'épreuve de philo aurait envoyé les sujets par SMS dix minutes après le début de l'épreuve à un site spécialisé dans l'orientation qui les a publiés. Par la suite, ceux-ci ont été repris sur Twitter par une étudiante. L’an passé, les sujets des ECE (évaluations des compétences expérimentales) des SVT (sciences de la vie et de la Terre) en série s’étaient retrouvés par erreur sur le site d’un rectorat ; bug de même nature cette année, relevé par letudiant.fr : un site a publié une liste de sujets probables pour la SVT. Comment ? Le laboratoire vendant aux établissements le matériel nécessaire aux expériences a laissé traîner sur Internet la liste du matériel de cette année. Les plus malins ont donc recoupé cette liste avec les sujets et en ont déduit ce qui sortirait.

En 2011, la fuite était venue d’un imprimeur.

Oui, dont le fils avait photographié quelques pages des épreuves qui s’étaient retrouvées sur internet.

A l’époque l’Education nationale avait promis de sécuriser les sujets encore mieux.

Et elle l’a fait.

Depuis 2013, toutes les académies sont équipées de détecteurs de téléphones portables dont le nombre et l’emplacement sont confidentiels. Les recteurs répartissent ces appareils de façon aléatoire et veillent à les faire circuler entre les centres d’examen, tout au long des épreuves.

Ce dispositif a pour but de lutter préventivement contre l’utilisation frauduleuse des nouvelles technologies. En 2013, celle-ci a représenté près de 37 % des fraudes détectées lors des épreuves du baccalauréat.

Par ailleurs, tous les candidats sont informés des consignes à respecter et des sanctions encourues en cas de fraude ou de tentative de fraude, grâce à une notice d’information affichée à la porte de chaque salle d’examen et lue lors de la première épreuve écrite de la session.

Finalement on parle beaucoup des bugs, mais la norme c’est que cela fonctionne.

Oui. Lors de chaque session, environ 3.500 sujets d’épreuves de baccalauréat sont élaborés.

À côté des sujets principaux, des sujets de secours sont élaborés afin de répondre à tout type d’incident qui nécessiterait de changer de sujet au cours de la session de baccalauréat. Ces sujets sont conçus de la même façon que les autres.

Ainsi, en philosophie, 80 sujets sont élaborés chaque année pour les baccalauréats général et technologique.

C’est une machinerie administrative impressionnante puisqu’il faut gérer plus de 4.400 centres d’examens et 4 millions de copies.

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