Darcos - Cohn Bendit, même combat ?
Les points essentiels de la chronique :
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Gabriel Cohn-Bendit, c’est le frère de Daniel – l’ex Dany le Rouge, leader du mouvement de mai 68 - ; Gabriel, qui a fondé en 1981 le lycée autogéré de Saint-Nazaire, qui existe toujours, et qui avait été un des initiateurs en 2000 du Conseil de l’innovation… Autant dire que ce n’est pas la famille politique de Xavier Darcos… Lequel a par ailleurs affiché son soutien aux réseaux concurrents, qui ont le vent en poupe, ceux qui plaident pour que l’on renoue avec des programmes et des méthodes traditionnels…
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Xavier Darcos joue lui aussi l’ouverture. Mais au fond ce n’est pas étonnant. Cette posture rappelle en effet celle d’une association créée en 1992 dans l’orbite de François Bayrou, alors ministre de l’Education. Elle s’appelait Créateurs d’école et elle prétendait soutenir à la fois des projets « réhabilitant l’enseignement secondaire classique » et « des projets novateurs». Parmi les adhérents à l’époque, la principale de collège Marie-Danièle Pierrelée, qui appartient, au sens large, à la même famille que Gabriel Cohn-Bendit ; mais aussi des tenants d’un certain conservatisme comme des Inspecteurs généraux, parmi lesquels – c’était sa fonction à l’époque – un certain… Xavier Darcos.
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Sur quel dénominateur commun se réunissaient des personnes aussi différentes ? L’idée clé, c’est que pour améliorer l’école, il faut privilégier – je cite– « des dispositifs dérogatoires qui n’obligent pas à la remise en cause systématique de tout l’existant ». Et cela, ça peut plaire à tous ceux qui ont un projet, que ce projet soit de renouer avec la tradition ou d’innover radicalement. Ça colle aussi parfaitement avec l’idée de donner plus d’autonomie aux établissements, et avec le principe de la « liberté pédagogique » : l’Etat fixe des programmes, chacun, dans sa classe, est libre de les couvrir avec les méthodes qu’il préfère.
- Concrètement, comment se mettra en place le projet de Gabriel Cohn-Bendit ? Son projet, c’est de réunir des enseignants volontaires – il y en a déjà 300 qui se sont manifestés – pour prendre en charge des collèges difficiles, notamment parmi ceux qui sont victimes de l’assouplissement de la carte scolaire et qui perdent des élèves. On parle donc bien de lutte contre l’échec. Et ça aussi, ça va dans le sens de l’histoire : au fond les pédagogies alternatives ne sont tolérées que quand elles se cantonnent aux élèves en grande difficulté… On ne remet en cause le modèle que lorsqu’on a le dos au mur – tous les grands noms de la pédagogie se sont d’ailleurs forgés auprès d’enfants au parcours chaotique voire tragique : Itard et Victor de l’Aveyron (l’enfant sauvage), Pestalozzi et les orphelins de Stans, Korczak et les gamins du ghetto de Varsovie… Les pédagogues sont donc de retour à l’Education nationale, à la place qui leur est le plus facilement concédée : la marge.
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