Allo l’Europe, ici Bruxelles
Quand il s’agit de raconter ce qui se décide et se joue à Bruxelles ou Strasbourg, tout paraît compliqué et les correspondants quand ils débarquent dans les couloirs de la commission ou du parlement ont toujours un temps d’adaptation.
Pour Angélique Bouin, correspondante permanente de Radio France à Bruxelles, productrice de l'émission hebdomadaire "L'Europe, tu l'aimes ou tu la quittes" sur Inter, la profession reporter consiste non seulement à suivre l’actualité qui n’a connu que des pics (Brexit, Covid, Ukraine) mais aussi montrer à travers les reportages à quel point les décisions prises à Bruxelles ont une influence directe sur nos vies quotidiennes.
Quand on pense Europe, on pense frein, bureaucratie, technocratie, banque centrale. Les débats qui s’y tiennent ont pourtant pour objectif d’améliorer le quotidien des citoyens européens. Mais il est toujours de bon ton de rendre coupable l’Europe de tous les maux d’une société.
Certes, tout n’est pas parfait, et comment cela pourrait l’être – oui, c’est parfois désolant de contradictions – mais il y a aussi une forme de lâcheté et d’irresponsabilité quand l’Europe se voit imputer des responsabilités dans les crises de gouvernance nationale.
Oui, ses arcanes sont complexes, oui un texte de loi connaît le parcours le plus long qui soit et peut vivre des mois et des mois sans voir la lumière du jour qui finira par l’adopter, mais comme le souligne Angélique Bouin, on ne peut être que frappé à Strasbourg par la haute qualité des débats, la grande maîtrise des dossiers, même les plus techniques, par les eurodéputés. Lundi dernier, le 9 mai, le ThinkTank Europa Nova tenait sa conférence annuelle avec franceinfo au studio 104 de Maison de la Radio et de la Musique.
Quelle Europe en 2050 ?
Des tables rondes et des conversations ont dessiné les contours de ce que pourrait être l’Europe en 2050, 30 ans après Maastricht. Et dans les questions qui lui sont posées, les défis de l’énergie, le green deal, le social, la souveraineté numérique, la stratégie de défense entre la Chine, les États-Unis et la Russie, les flux migratoires, on sent à quel point le bloc européen ne doit pas se fissurer de l’intérieur, mais au contraire porter un souffle et une stratégie qui placent le citoyen en son coeur.
Le citoyen européen ne doit pas vivre avec la sensation que la machine qui le représente est là pour le broyer. Au contraire, l’Europe dans son entité, son identité, doit améliorer son mode de vie. Dans les débats post-Covid autour de la santé, il est question d’antimicrobiens, de rendre évitable les maladies chroniques, de lutter contre le vieillissement de la population, d’améliorer les infrastructures de santé alors que dans de nombreux pays, l’hôpital public est en crise, faute de moyens et de coupes budgétaires. Quel que soit le sujet, c’est bien de nos vies dont il s’agit.
Le travail de pédagogie des correspondants
Les correspondants à Bruxelles ne sont pas des évangélistes de la cause européenne, et quand des situations sont kafkaïennes, ils sont les premiers à le déplorer et en parler. Mais il faut saluer leur travail de pédagogue pour inciter les citoyens à mieux s’intéresser au sujet, à s’emparer des débats, à comprendre comment ça marche, pour en discuter ensuite et améliorer ce qui doit l’être.
Une des clés de nos avenirs communs, de nos vies individuelles, passent par cette compréhension et cette implication. Notre futur se joue ici, et comme le disait François Hollande, lundi 9 mai au studio 104, il n’est pas surréaliste d’imaginer un jour, et pourquoi pas à l’horizon 2050, un président européen élu au suffrage universel.
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