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Planète Sport. Au Yémen, le football, source de bonheur et de paix dans le chaos de la guerre

Depuis 2015, la guerre déchire le Yémen. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes et pourtant, un sport réussit parfois à faire taire les mitraillettes : le football.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Ayman Al-Hajri et l'équipe nationale yéménite lors des qualifications pour la Coupe d'Asie des nations, à Doha, le 29 mars 2017. (NIKKU / XINHUA)

Planète Sport, le rendez-vous de l’été qui explore les sujets à la lisière entre le sport et la politique, nous emmène aujourd'hui au Yémen. Le pays est ravagé par une guerre depuis 2015 pourtant, dans le chaos, un sport continue de rassembler la population divisée par le conflit : le football. Comment marquer un but sur un terrain détruit par les bombardements ? Comment faire vibrer les supporters quand les stades sont transformés en caserne militaire ? Comment jouer au foot quand les missiles, passent au-dessus du terrain pendant un match.

Depuis 2015, la guerre au Yémen a fait plus de 100 000 morts. La Fédération internationale de foot interdisant les matches en zone de guerre, beaucoup de joueurs professionnels ont quitté le Yémen pour jouer dans d’autres championnats de la région. Ayman Al-Hajri, le numéro 10, l’attaquant star de l’équipe nationale du Yémen, joue par exemple en Egypte.

Quand sa sélection participe à un match officiel, lui et ses coéquipiers n’ont que quelques jours pour se retrouver et pas grand-chose pour s’entraîner. Pendant plusieurs années, ils ont erré de pays en pays pour trouver un endroit où s’entraîner mais Ayman Al-Hajri sait l’importance de ses matches pour son pays : "On n’a pas de championnat, pas d’entrainement, pas de stade, pas de match amicaux. On n’a rien."

Au Yémen, tout est triste. Il n’y a que le foot qui peut rendre les gens heureux. Alors quand on joue un match, tout le pays s’arrête, même les combats. Tout le monde est devant la télé.

Ayman Al-Hajri

à franceinfo

"C’est ce bonheur qu’on veut apporter, poursuit l'attaquant, car au Yémen, il n’y a pas d’espoir, il n’y a que le foot qui amène la joie. Nous les joueurs, on n’a pas d’argent, on n’a rien, mais on a 200% d’énergie, parce qu’on joue pour les gens du Yémen."

Oublier la guerre le temps d'un match

Le foot, comme les Yéménites, est piégé au cœur d’une guerre où les grandes puissances de la région s’affrontent : les rebelles chiites Houthistes soutenus par l’Iran et les loyalistes appuyés par l’Arabie Saoudite. Mais en 2018, malgré toutes les difficultés, l’équipe d’Ayman réussit un exploit : se qualifier pour la Coupe d’Asie des nations, équivalent de notre Euro.

Raphaël Le Magoariec, spécialiste des politiques sportives des pays du Golfe explique que si les instances du foot au Yémen ont un ancrage politique, il n’en est rien sur le terrain. "Les membres de l’équipe proviennent de différentes régions et de différentes factions. Mais sur le terrain, il y a une unité qui a redonné vie au pays lors de cette qualification."

Malgré le danger, et même si les clubs de foot locaux ont été dissous il y a cinq ans, des petits tournois entre quartiers recommencent peu à peu à être organisés au Yémen. Tous attendent le prochain match de l’équipe nationale, en octobre prochain, contre l’Arabie saoudite.

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