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"J’aime photographier ce que les gens sentent" : Sabine Weiss à l’honneur au Centre Pompidou à Paris

Le Centre Pompidou a réuni une soixantaine de tirages d’époque réalisés entre 1945 et 1960 par la photographe, dernière représentante de la photographie humaniste française, un courant auquel appartenait notamment Robert Doisneau ou Willy Ronis.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sabine Weiss prise lundi devant l’affiche de l’exposition, au Centre Pompidou, à Paris. (Elodie Vincent)

"C’était ma récréation, la rue. Ce qui m’intéresse, ce sont les gens, l’humain au naturel et ses sentiments…" À 94 ans, Sabine Weiss ne fait plus de photos, mais quand elle expose, c’est l’humain qu’elle aime montrer. Le Centre Pompidou, à Paris, a réuni une soixantaine de tirages d’époque réalisés entre 1945 et 1960, à l’occasion de l’exposition Sabine Weiss – Les villes, la rue, l’autre, visible jusqu’au 15 octobre.

Dernière représentante de la photographie humaniste française, un courant auquel appartenait notamment Robert Doisneau ou Willy Ronis, Sabine Weiss photographie les petits métiers, comme cette marchande de frites qui ouvre l’exposition, les clochards que l’on n’appelait pas encore SDF ou encore les enfants qui jouent dans un terrain vague de la porte de Saint-Cloud.

L'exposition est visible jusqu'au 15 octobre. (Elodie Vincent)

"Il y en a qui ont été beaucoup publiées, explique la photographe. Comme cette photo que nous voyons là, d’un homme qui court dans la rue vers une lumière, qui a été beaucoup reproduite pour des livres de science-fiction, de choses religieuses…" Sabine Weiss a beaucoup photographié le Paris social mais elle présente aussi une vision très plastique et poétique de la capitale, en jouant sur les ombres et les lumières comme dans cette photo des inondations de 1955.

L’exposition présente aussi son travail dans les rues de Moscou, où elle immortalise une fête nationale en 1961 et dans celles de New-York dont elle restitue formidablement l’ambiance. "Tout me surprenait, se souvient Sabine Weiss. Tous les étalages étaient différents. La rapidité des choses était différente, les gens trottaient… Il y avait aussi les bouches de chaleurs que j’aimais bien : cela faisait une fumée dans la rue qui était amusante…"

"Je n’ai pas beaucoup photographié de chagrin"

Sabine Weiss a pratiqué toutes les facettes du métier de photographe : elle a travaillé pour la publicité, pour la mode, réalisé des reportages, des portraits de commande…mais ce sont ses photos personnelles, celles que l’on peut voir dans l’exposition du Centre Pompidou, celles réalisées dans la rue, qui l’ont rattachée au courant humaniste. "Le terme est vrai, indique l'artiste, puisque j’aime photographier ce que les gens sentent, ce qu’ils expriment, que ce soit la joie ou le chagrin. Je n’ai pas beaucoup photographié de chagrin." Sabine Weiss a fait don récemment de plusieurs dizaines de ses photos au Centre Pompidou, quelques mois après avoir donné ses archives dont 200 000 négatifs au musée de l’Élysée à Lausanne.

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